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13 octobre 2013 7 13 /10 /octobre /2013 09:40

Attendu avec impatience la sortie de ce film, primé de la palme d’or à Cannes, et j’ai aimé. Abdellatif Kechiche (Vénus noire, La graine et le mulet) a adapté la bande dessinée graphique de Julie Maroh, Le bleu est une couleur chaude, sur une superbe réalisation, avec cependant un petit bémol. Le chapitre 1 est absolument magique d’intenses émotions et d’intelligence dans l’éveil à l’amour et à la sexualité d’une adolescente qui se découvre lesbienne avec angoisse et désirs. Pas de discours, juste un regard sobre, du choc des perceptions de soit et des autres, et ce coup de foudre qui vous coupe le souffle. Les liens qui se tissent entre ces deux jeunes filles sont admirablement amenés, par touches sensibles, par regards croisés, et la douceur des gestes qui intriguent et raisonnent de vérité. Les scènes d’amour sont magistralement filmées, merveilleusement jouées, d’une crudité très réalistes et intimes mais passionnément amoureuses et savamment filmé. Pornographie sans aucun doute, mais les éclairages et les travelings donnent une vision de l’amour passion au delà de la vision de sexe. Bien plus choquants, sont les propos des jeunes et leur violente homophobie, qui donnent un aperçu des débats contradictoires et souvent intolérants. Ensuite, je me suis perdu dans l’entre deux chapitres, avec cette fête pour Emma, avec ses dialogues débiles sur les peintres et la philosophie. On a bien compris le décalage de pensées et de vies des deux filles, mais sont tellement clichés dans les propos et l’esprit, plus cliché encore, entre l’intello d’un côté et bonbonne de l’autre qui fait la cuisine, la vaisselle, le ménage. Cliché aussi de prendre une institutrice plus conne qu’une artiste. AK aime beaucoup l’univers scolaire et théâtrale comme déjà dans son excellent L’esquive, avec les classes du lycée et cette jeune institutrice, lui permettant de lier les sujets dans l’histoire sous forme de débat ou d’éclairage. Le chapitre 2 commence donc sombrement. La magie s’est dissoute dans la vie de couple, sans qu’on sache si quelques mois se sont passés, plus que des années plus tard. J’ai eu le sentiment de perte de souffle, d’orientation et de réalisateur qui m’a dérouté un moment avant de comprendre enfin et retrouver le fil de la trame. Et puis, le rythme reprend sur une autre partition, jusqu’à cette scène dans le café, qui est extraordinairement belle, triste et émouvante, même si l’on est revenu à du conventionnel. Très beau film, qui marque durablement.

Juste une petite remarque en of. AK s’est répété à sassiettée avoir gardé le prénom de l’actrice au lieu de Clémentine du livre, pour son arabité supposée qu’il traduit par Justice, quant Adèle, d’origine germanique signifie Noble. D’autant plus ridicule qu’il n’y a aucun rapport avec le film.

Il est incontestable qu’Adèle Exarchopoulos (Chez Gino) est la révélation de l’année, tant elle est extraordinaire de vérité, de puissance et de vie. Sa beauté dans ses expressions et dans ses mouvements m’ont impressionné. Léa Seydoux (Grand central) m’a surpris par la force de sa sobriété qui dégage une magie aussi présente de réalisme. Salim Kechiouche (Paris à tout prix) et Jérémie Laheurte sont excellents, comme Catherine Salée (Torpédo) et Aurélien Recoing (Joseph et la fille) ou encore Mona Walravens (Cloclo). Reste que de nombreuses jeunes actrices, comme Fanny Maurin, Alma Jodorowsky (Sea, no sex and sun) ou Baya Rehaz (Il reste du jambon ?) sont impressionnantes.

3 étoiles

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