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4 août 2014 1 04 /08 /août /2014 21:06

A l’heure du centenaire de la déclaration de la grande et épouvantablement meurtrière première guerre mondiale, je trouvais intéressant d’avoir le point de vue du côté des turcs, que je pensais dans le genre de l'excellent A l'ouest rien de nouveau et plus encore du chef d'œuvre de Peter Weir avec son excellent Gallipoli, que cette réalisation de Kemal Uzun, Serdar Akar et Ahmet Karaman, nous force à constater qu’il n’y a toujours pas de leçon de tirée de leur part, avec une lamentable tristesse.

Le récit nous conte essentiellement l'histoire de deux frères envoyés sur le front des Dardanelles oú, anglais, français, australiens et néozélandais ont débarqués pour ouvrir le passage maritime à la flotte alliée. Mushin, soldat expérimenté depuis le début du conflit, se réengage après blessure pour protéger son petit frère Hasan fraichement mobilisé. Il devient un terrible tireur d’élite redoutablement efficace, tuant sans scrupule ni remord autant qu’il le peut. Il devient à son tour la cible d’un tout aussi efficace tireur adverse. Entre temps, son petit frère gentil et innocent devient comme les autres, soufrant de tuer pour ne pas être tué. Une belle et jeune infirmière, Behice, fait face à toutes les victimes de la boucherie et s’amourache de Mushin. Le conflit s’enlise, plus meurtrier de jour en jour, entre la volonté des turcs à défendre leur positions, et celle des alliés bloqués aux pieds des falaises.

Il est désolant de voir produire encore de nos jours des films de propagandes de cet acabit, vantant un patriotisme archaïque de ceux "va-t-en-guerre", avec des héros sadiques en martyres kamikazes, chargés de tant de haine et de tant de violence djihadiste. La Turquie montre à travers son cinéma une tension politique qui n'a visiblement pas fait son autocritique et profite du moindre sujet pour galvaniser avec toujours autant de fanatisme comme ses harangues populistes, qui loin d'apaiser les esprits, entretiennent une flamme guerrière inquiétante, au lieu de prendre du recul sur cette terrible guerre qui a meurtrie toute une jeunesse de tous bords dans le monde entier. Dommage de ne pas avoir saisie l'occasion pour montrer avec modestie et humanité la souffrance de tous les belligérants, au lieu d'une dualité manichéenne puérile rancie, confinée souvent au ridicule sordide. Ainsi, tous ces si gentils d'un côté -même avec les femmes- et de l'autre, les monstres infidèles déshumanisés. Le style de réalisation et de la narration de patriotisme fanatisé exacerbé au paroxysme haineux, m’a mis mal à l’aise et profondément heurté. Cent ans plus tard, est-ce que la Turquie moderne, et tout autant meurtrie que tous les belligérants, est la seule à n’avoir encore rien retenu de l’épouvantable boucherie mondiale ? Ou cela masque il autre chose ?

La réalité historique est pourtant encore plus désolante. Sur une idée d’abrutis de galonnés avinés anglais, la décision d’engager un nouveau front suicidaire sans aucune préparation vit une bataille qui ne durera que quelques mois, du 25 avril 1915 au 9 janvier 1916, pour un échec complet. Mal préparés et mal dirigés, s'ensuivit des pertes épouvantables avec près d'un demi-million de morts. 205.000 Britanniques, 47.000 Français et 251.000 Ottomans, dont la très grande majorité mourut de maladie.

Côté interprètes, bien qu'un peu trop grandiloquents, ils affichent sérieux et conviction, avec un Gürkan Uygun particulièrement marquant, et la très belle Berrak Tüzünataç, toute en émotion. de même Mahir Günşiray, est convaincant, tout comme Fikret Yıldırım Urağ  et Umut Kurt, Ben Warwick et Stephen Change.

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