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11 juillet 2017 2 11 /07 /juillet /2017 09:53

Un très grand merci à Elephant Films pour m’avoir permis de découvrir cette superbe dramatique de guerre japonaise réalisée en 1965 par Seijun Suzuki, d’après une histoire originale de Tajiro Tamura, dans une version restaurée en Haute Définition d’après une copie neuve de toute beauté.

Son amant s’étant marié, la jeune Harumi refuse de n’être que sa maîtresse, et par dépit s’engage comme prostituée pour la Chine en pleine guerre sino-japonaise. Elle se retrouve dans une caserne près du front avec d’autres jeunes prostituées. Entres autres passes, Harumi est la souffre douleur d’un officier sadique, tout en entretenant une relation avec un soldat dont elle tombe amoureuse, mais il ne souhaite que racheter son honneur de militaire. Une descente aux enfers entre conflits entre militaires et guerre meurtière inconciliables avec les sentiments amoureux.

Une magnifique réalisation sur un récit captivant qui décrit avec acuité la condition des prostituées japonaises sur le front dans la guerre du Japon en Chine des années trente. Certes, il ne montre pas encore les exactions, crimes de guerre en tous genre perpétrés par l’armée du soleil levant, ni les viols et déportations de « femmes de confort ». Cependant, Seijun Suzuki n’est pas flatteur sur les comportements de l’occupant sur leurs propres femmes, la condition

féminine dans un Japon encore féodale en plus de machisme, et le décrit avec l’attitude de l’officier comme une symbolique forte. Encore un magnifique portrait de femme japonaise sublimé, belle et forte de courage désespéré quasi suicidaire et sado-maso pour un amour vain. J’ai énormément aimé le récit comme la jeune Harumi et ce soldat partagé dans ses sentiments et ses choix. Une œuvre marquante qui hante longtemps.

D’autant plus que la réalisation est éblouissante de par sa mise en scène et ses cadrages que ses travelings dans des paysages et des décors qu’un noir et blanc magnifiquement maitrisé rende encore plus puissant. Ainsi, entre ambiance évanescent et délétère, parfois docu fiction, parfois conte farce sadique, se dégage une atmosphère étrange de romantisme éperdu et d’érotisme doucereux hamiltonien, et cette terrible réalité fataliste. La narration est échevelée

sur la passion destructrice de cette jeune femme, comme de ses comparses, qui pensent maitriser un destin qui leur échappe. Ce film est le second opus de la Trilogie de la femme japonaise, après La barrière de chair en 1964, et se clôt en 1966 avec Carmen from Kawachi, dont l’actrice Yumiko Nogawa sert de lien commun pour une description de la femme japonaise.

Avec Yumiko Nogawa excellentissime, face à Tamio Kawaji et Hiroshi Cho, Hideaki Esumi et Shigeyoshi Fujioka, Kotoe Hatsui, Tomiko Ishii et Kayo Matsuo, Midori Mori, ainsi que Shoichi Ozawa, Kaku Takashina et Isao Tamagawa.

Le film Histoire d'une prostituée de Seijun Suzuki, issu de la très belle Collection Cinéma MasterClass : La collection des Maîtres, distribué par Elephant Films, est disponible dans les meilleurs bacs depuis le 6 juin 2017. Il est proposé en version originale japonaise sous-titrée français, et en version française. Le boitier nous offre le combo DVD et Bluray, accompagné d’un livret collector de 20 pages rédigé par Bastian Meiresonne, Jaquette réversible avec l’affiche japonaise originale au verso. Dans les suppléments, le film vu par Stephen Sarrazin, et un entretien du réalisateur par Yves Montmayeur, et Seijun Suzuki dans Le surréalisme doux par Roland Lethem.

3 étoiles

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