J’ai eu le plaisir d’assister à l’avant première du prochain film d’Albert Dupontel (9 mois ferme), qui adapte le roman de Pierre Lemaitre, pour une narration de toute beauté sur les agissements des profiteurs de la fin de la première guerre mondiale avec un hommage aux gueules cassées et une dénonciation de la guerre en générale avec son lot de pourritures de politiciens, industriels et militaires.
Sur la fin de la première guerre mondiale, le jeune Edouard Péricourt est grièvement mutilé au visage. Son camarade Albert Maillard lui apporte son aide en le faisant passer pour mort, et avec Louise, une gamine qui arrive à traduire les sons gutturaux du jeune gueule cassée, lui redonne la force de vivre. Grâce aux talents de dessinateur d’Edouard, Albert monte une arnaque aux monuments aux morts. Il fait la rencontre de Madeleine Péricourt, la sœur d’Edouard, dont leur père Marcel est un riche industriel, et le mari se trouve être le terrible lieutenant Pradelle, magouilleur sur les cercueils de soldats.
Une excellente réalisation de toute beauté tant dans la narration que dans le récit. J’ai adoré l’histoire qui dénonce toutes les malversations des politiques, militaires et industriels toujours aussi d’actualité. Ainsi, nous autres « sans dents et illettrés, feignants et fouteurs de bordels » sommes intemporellement les dindons de la farce de toutes les tripatouillages en hauts lieux jusqu’ et surtout dans les guerres. Un récit qui prend aux tripes avec les gueules cassées, qui furent bien mis à l’écart de la société, cachés et internés, dont la trame rend un visage aux masques qui évoluent en fonction des humeurs de notre héro.
De très beaux effets spéciaux, tant dans les couleurs que les actions sur une mise en scène fabuleusement maitrisée avec toujours cette touche de poésie mélancolique doublée d'humour salvateur. J’ai retrouver la même ambiance que Un long dimanche de fiançailles et La vie et rien d’autre, aussi bien dans la démarche, l’ambiance et la dénonciation irrespectueuses pour les salopards pour un vibrant hommages aux poilus. Avec l’accord de l’auteur, Albert Dupontel a modifié la fin, quelque part sinon en beaucoup mieux, en tout cas avec plus d’élégance pour les protagonistes et pour la morale de l’histoire déjà bien sombre. Certainement l’un des plus beaux films de l’année.
Avec les excellents Nahuel Perez Biscayart (120 battements par minute) et Albert Dupontel (En équilibre), Laurent Lafitte (Elle) et la jeune et marquante Héloïse Balster, Niels Arestrup (Vue sur mer), Emilie Dequenne (Maman a tort) et Mélanie Thierry (La danseuse), Philippe Uchan (La fille de Brest), André Marcon (L'avenir) et Michel Vuillermoz (Nous trois ou rien), Kyan Khojandi (La folle histoire de Max et Léon) et Gilles Gaston-Dreyfus (Tirez la langue, mademoiselle).