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19 mai 2013 7 19 /05 /mai /2013 07:28

Biopic très intéressant sur cette philosophe, professeur universitaire et journaliste juive allemande. Brillante intellectuelle, ayant été la compagne d’Heidegger tant sur le plan sentimental qu’intellectuel, échappée de justesse d’un camp d’internement français, et dont ses écrits ont créés la controverse à la suite du procès Eichmann. Le film est en fait découpé en trois parties d’inégale qualité et d’intensité. Le début est très intéressant avec le procès, où les images d’époque sont excellemment mélangées avec celles du film, qui nous donne une ambiance délétère, froide tant sur l’inculpé que rien n’émeut, administratif pointilleux sur le génocide, que des travées et de la scène journalistique et politique. Un procès qui a permis aux survivants de s’exprimer enfin sur ce qu’ils ont vécus et de les réconcilier avec les israéliens qui avaient honte d’eux et les tenaient pour responsable de leur sort. La seconde partie est confuse, longue et pénible sur le ressenti des juifs suite au livre d’Hannah, sans que l’ont sache vraiment de quoi on parle, tant invectives violentes des milieux intellectuels et religieux sont portés au paroxysme, et des réminiscences de sa vie se percutent en un foisonnement d’une vie mouvementé, et des amours parfois confus. Il faut attendre la passionnante intervention finale pour prendre la pleine mesure de sa pensée et de ses convictions pour comprendre enfin l’ampleur du débat. Le film apporte une complémentarité au documentaire Le procès d'Adolf Eichmann qui démontrait très bien la personnalité médiocre d’un tel bourreau. Je reproche un manque de vulgarisation pour nous autres profanes, qui nous aurait permis une meilleure compréhension du débat politico-intellectualo-philosophique aussi important et complexe.

Je fais souvent état dans mes articles, de mon incompréhension du comportement humain, capable du pire sans raison apparente, souvent des gens banals, normaux, des voisins, des collèges, des parents, qui tout d’un coup passent à l’acte le plus abominable, en dénonçant, torturant, violant assassinant avec une évidence et semble t-il sans scrupule qui me terrifie, tant sur eux que sur moi me demandant si je ferai de même. Hannah Arendt donne une juste et bonne explication que je comprends et partage. En effet, les Eichmann, et des millions d’autres de tous temps, sont souvent des êtres de la plus médiocre banalité, qu’une institution même la plus illégale sera à même d’en faire des monstres de sang froid sans aucun ressenti coupable, puisqu’ils étaient couvert par des ordres. Et je ne vois pas comment on peut l’éviter, pas même avec l’éducation. Il suffit d’entendre les propos dans des conversations pour en être inquiet.

Barbara Sukowa (Veronika décide de mourir) joue à la perfection cette femme introvertie, glaciale quant elle bouillonne intérieurement. Axel Milberg parait en retrait face à une telle personnalité quant il en impose. Janet McTeer (Albert Nobbs) est excellente, tout comme Julia Jentsch (Sophie Scholl - les derniers jours) tout en subtilité.

2 étoiles

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