Un grand merci à Pyramide Films et à l’agence Dark Star presse pour m’avoir permis de découvrir cette dramatique satyrique réalisée en 2018 par Sergey Loznitsa, pour relater l’occupation militaire Russe dans la province ukrainienne du Donbass, après l’annexion de la Crimèe.

Dans le Donbass, région de l’est de l’Ukraine, une guerre hybride mêle conflit armé ouvert, crimes et saccages perpétrés par des gangs séparatistes. Dans le Donbass, la guerre s’appelle la paix, la propagande est érigée en vérité et la haine prétend être l’amour. Un périple à travers le Donbass, c’est un enchainement d’aventures folles, dans lesquelles le grotesque et le tragique se mêlent comme la vie et la mort. Ce n’est pas un conte sur une région, un pays ou un système politique mais sur un monde perdu dans l’après vérité et les fausses identités. Cela concerne chacun d’entre nous.

Sous une forme particulière d’humour qui ridiculise la propagande russe pour ce qu’elle est de grotesque et de pathétique, Sergey Loznitsa relate l’occupation illégale par les forces russes et des mercenaires dans la province du Donbass avant sa prochaine annexion de facto. Sous forme de reportage satirique d’une triste comédie, on ne sait jamais trop bien à qui profite cette fanfaronnade. Bien sûr, les ex soviétiques sont ridiculisés à juste titre.

L’humour second degré est difficile, quand la réalité est bien pire qu’une farce à la Roberto Benigni. Depuis l’accession au pouvoir de Vladimir Poutine et l’instauration de sa dictature sanglante, sa haine de la perte de l’URSS lui vaut de tenter de reconstituer l’empire tzariste. Le monde en général, et l’Europe en particulier, lâchement ne réagissent pas à la hauteur de la menace qui pèse sur nous tous, mais aussi sur la stabilité du monde qui risque d’exploser comme en 1939.

Poutine, après la Tchéchénie, s’est emparé de la Moldavie, de la Géorgie, de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud, de la Crimée, de la Transnistrie et la Gagaouzie, maintenant c’est au tour du Dombass. Par un jeu de domino, tels les Sudètes qu’Hitler s’est emparé, et tels les honteux accords de Munich, personne ne réagit. Par peur de l’ours Russe, mais par intérêt du gaz et du pétrole russe, et ce ne sont pas les sanctions d’un blocus économique limité qui arrêteront Poutine, jusqu’à ce qu’il soit trop tard.

Après le Donbass, à qui le tour ? La Pologne, la Finlande ? Les pays Balte, et nous dirons amen ? Poutine agit toujours. Il a mis Trump au pouvoir, Hassad en Syrie, l’extrême droite de Salvini en Italie, le Bréxit en Angleterre, les fakes news et autres financements de partis populistes en Europe. Des provocations en tous genres comme l’arraisonnement de navires ukrainiens, comme les frontières titillées par l’aviation ou les sous marins de guerre… La Suède l’a compris qui a remis le service militaire obligatoire. Mais n’est-il pas déjà trop tard ? Le cinéaste Oleg Sentsov, prix Sakharov 2018, qui a été enlevé et arrêté par la police politique Russe en 2014 et condamné l’année suivante à 20 ans de réclusion à la suite d'un procès stalinien, croupit dans un goulag de Sibérie, en est un exemple. Nos lobbyistes nous mènent vers une catastrophe annoncée, que ce film tente de nous prévenir. Mourir, non pour Dantzig mais pour le Donbass.

Avec Valeriu Andriuta, Natalya Buzko, Evgeny Chistyakov, Georgiy Deliev, Vadim Dubovsky, Konstantin Itunin, Boris Kamorzin, Sergey Kolesov, Svetlana Kolesova, Thorsten Merten, Irina Plesnyayeva, Sergey Russkin, Oleksandr Techynskyi, Alexander Zamuraev et Olesya Zhurakovskaya.
Le film Donbass, distribué par Pyramide Films disponible dans les meilleurs bacs dès le 5 février 2019 en DVD. Il est proposé en version originale allemande sous-titrée français. Dans les suppléments, un entretien avec Sergeï Loznitsa.
