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10 octobre 2013 4 10 /10 /octobre /2013 08:16

En faisant un peu de rangement dans ma propre dévédéthèque, certes moins fournie que celle de Platinoch, j’ai retrouvé nombre de dvd encore dans leur emballage d’origine, dont ce petit bijou qui m’avait marqué sur grand écran. J’en avais gardé un souvenir de comédie légère et burlesque, quant en fait c’est une très belle comédie mais plutôt amère. J’allais dire douce, mais pas tant que ça, car aux travers des rires se cache une très grande et tendre tristesse pour une Algérie malade sombrant dans l’innommable. Nadir Moknèche (Le harem de madame Ousmane, Goodbye Morocco) nous peint un pays de corruption et de débrouilles en tous genres, aux travers des activités d’une femme entreprenante. Celle-ci caresse un rêve d’enfance, celui d’acheter les thermes de Caracalla près de Fouka. La petite entreprise de Mme Aldjeria, est à l’image des lois du gouvernement FLN ayant imposé sa main mise mafieuse sur toutes les affaires lucratives du pays, et la charia, appelée Code de la famille. Ainsi, le maitre mot de cette femme, est Mme Aldjeria vous arrange ça. Mariage, divorce, permis de construction sont son fond de commerce pour arranger les choses, et où les bakchichs dans les réseaux d’influences sont monnaie courante. Et puis un peu d’amour tarifé de temps à autres. Le tout dans un esprit de famille, afin de se retirer ensuite dans une vie calme et tranquille, à la tête des thermes. L’occasion aussi de découvrir un autre visage du pays, celui de la nuit, celui débridé de la danse et des chansons, de l’alcool et de l’amour. L’histoire raconte sur une journée, de sa sortie de ses trois années de prison jusque tard dans la nuit, ses souvenirs par flashbacks, et de l’affaire de trop. La rencontre à La fleur du jour, d’une jeune serveuse baptisée Paloma –qui signifie Colombe- d’après le sorbet Délice Paloma, du jasmin avec amandes concassées et pétales de roses givrées, qui est un sorbet délicieux, comme la jeune femme. L’histoire est merveilleusement belle, drôle souvent, poignante tout du long et terriblement triste. La chanson raï dont le refrain, « Je pense à toi Paloma… » nous envoute longtemps, comme le film et ses protagonistes. Les images d’Alger sont superbes, comme celles de l’arrière pays. On est transporté dans cette atmosphère quasi irréelle, tant tout semble normalement moderne et pourtant lourde de danger permanent, ou chacun tente de s’en sortir entre ses convictions, son mode de vie et les interdits, qu’ils soient religieux ou politiques. Un magnifique conte moderne comme il doit en exister forcément.

C’est à l’occasion de ce film que j’avais découvert la merveilleuse Biyouna (La source des femmes) pleine de talent, tant comique que tragédienne. Elle est juste magnifique. Je ne comprends pas pourquoi des actrices aussi belles et talentueuses que la merveilleuse Aylin Prandi (Gianni et les femmes) toute de sensualité et d’émotion, et la superbe Nadia Kaci (Le harem de madame Ousmane) terriblement convaincante, n’apparaissent pas plus souvent. Daniel Lundh (Minuit à Paris) est excellent, tout comme Fadila Ouabdesselam et Nawel Zmit, que l’ont retrouvent dans Viva Laldjérie, sont superbes. Et le trop bien Lyes Salem (Rock the casbah) qui est super.

3 étoiles

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