Ce n’est un scoop pour personne, mais si tous les pays font du cinéma avec des points communs, chacun à sa particularité, et celui du Canado-Québec a pour lui une très grande sensibilité que j’aime beaucoup. Il en est ainsi de Louise Archambault qui, pour son second long métrage, a réalisé un petit bijou qui m’a beaucoup touché. Aborder le droit à l’amour pour les personnes handicapées intellectuels, comme pour tous les autres en général, ne devrait pas susciter de débat particulier, tant cela entre dans l’ordre naturel de la vie. Et pourtant… Je me souviens de ce reportage dans un centre pour trisomiques, où se tissaient des liens amoureux, comme sexuels, qui avait relevé des questionnements et des révélations inattendues. Justement, celui du droit ou non à l’amour, aux relations sexuelles, à l’enfantement ? On y parlait d’interdits, de stérilisations forcées… simplement de l’horreur de la société par son regard et ses jugements. Au nom quelle morale ou justification scientifique peut on réprouver ou interdire l’accès à la plus belle chose qu’est l’amour ? Cela parait une telle évidence que la question est incongrue, surtout de nos jours. Cette histoire est magnifiquement réalisée, avec pour la plupart de vrais handicapés de toute nature, dont un jeune couple d’ados qui s’aiment passionnément et désir accéder au plaisir auquel donc, nous avons tous droit, et qui semble leur être interdit ou réprouvé. Le tout étant baigné entre poésie et dramatique dans un style documentaire / reportage qui nous fait suivre les péripéties des uns et des autres dans une quête à l’autonomie, à l’amour et grandir vraiment. La préparation d’une chorale avec la chanson Ordinaire de Robert Charlebois à une dimension magnifique. J’ai beaucoup aimé le combat de ces jeunes, j’ai été ému par les liens entre les deux sœurs, et la scène finale est sublime.
La jeune Gabrielle Marion-Rivard est très attachante et terriblement émouvante, face à Alexandre Landry impeccable, et Mélissa Désormeaux-Poulin (Incendies) est resplendissante. Isabelle Vincent (Tout ce que tu possèdes) et Marie Gignac sont excellentes. Enfin, Robert Charlebois, que j’adore en tant que chanteur comme acteur, démontre une grandeur d’âme et de vrai poète.