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11 octobre 2013 5 11 /10 /octobre /2013 07:20

Pour avoir découvert Hiroyuki Okiura avec son Lettre à Momo, je me devais de voir son premier film dont j’en avais lu beaucoup de bien. Ce film est tiré de la saga manga Kerberos Ken-Roh Densetsu, de Mamoru Oshii (Ghost in the Shell, The sky crawlers) après qu’il est lui-même réalisé deux adaptations en film, Les lunettes rouges et Straydog: Kerberos Panzer Cops. L’histoire très sombre, nous conte un Japon des années 50, après l’invasion par l’Allemagne nazi, dont la dictature doit faire face à deux entités qui se s’opposent avec violence. La Posem, sorte de brigade SS et la Secte, les résistants extrême violents, avec entre les deux la Brigade des loups qui tente de contrecarrer la toute puissante hégémonique Posem. Au travers des combats violents et des histoires de contre-espionnage, se tisse une très belle, sombre et triste romance au choix cornélien. Un soir de manifestation anti gouvernemental, Kazuki Fuse, membre de la Panzer Cops fait face à Nanami Agawa, une gamine Petit chaperon rouge -nom donné aux porteuses de bombes- qui se fait exploser plutôt que de se rendre. Profondément marqué, il se rend sur sa tombe et rencontre Kei Amemiya, sa supposée sœur ainée. Rencontre fortuite ou délibérée, une liaison impossible se noue, qui nous entraine dans les arcanes guerrières entre les différents services de répression et de résistance. L’histoire fait références à la situation politique au Japon au cours des années 1960 et de l’occupation américaine. De nombreuses manifestations étudiantes massives avaient lieues contre le Traité de sécurité américano-japonais (le Hantaï ANPO mouvement) et contre à l'article 9 de la Constitution japonaise imposé par les States. Parmi eux, Mamoru Oshii, mais également Hayao Miyazaki et Isao Takahata faisaient partis des protestataires. Les tensions étaient grandes de voir le pays basculer dans une dictature fascisante, avec le chef du Parti libéral-démocrate (LDP) Nobusuke Kishi, un criminel de guerre condamné mais très actif. Parti au pouvoir sans discontinué jusqu’en 2009 face à une opposition écrasée. Une période du Japon que nous connaissons peu, dont des exactions de l’armée américaine ont filtrées pourtant régulièrement, tant dans la vie politique que civile. Je me souviens de nombreux viols et meurtres des jeunes japonaises commis par des militaires restés impunis, ou des corruptions et scandales financiers. Une force spéciale avait été réellement constituée dans la lutte contre le communisme mettant en danger la fragile et peu fiable démocratie. J’ai beaucoup aimé le graphisme, l’histoire lugubre et les protagonistes sur lesquels planent sans cesse les doutes, les sincérités, les espérances et les trahisons. Les couleurs et l’animation sont superbes et la narration excellente. Tout au long de cette superbe tragédie, est récité le conte du Petit chaperon rouge version Jean Baptiste Victor Smith antérieur à Grim, qui fait froid dans le dos, surtout avec ce final inattendu.

Avec les voix des Seiyū Yoshikazu Fujiki et Sumi Mutoh, de Yukihiro Yoshida et Hiroyuki Kinoshita ou encore d’Eri Sendai.

3 étoiles

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