Isabelle Czajka (D'amour et d'eau fraiche) a adapté le roman Arlington park de Rachel Cusk pour nous conter une vision pas très positive et même carrément sombre de la femme au foyer. Cette sorte de Desperate housewives à la française est même grinçante, limite satyrique. Si j’ai beaucoup aimé la trame, je lui trouve un petit côté manichéen un peu trop excessif et égocentré sur des femmes aux situations bien enviables à la majorité de nombreuses autres. Bien qu’il n’y ait pas de critique formel, un soupçon d’ironie pointe cependant au travers de ces portraits, le tout sur une journée. Ce charme distrait de la bourgeoisie a quelques tournures désuètes. La vie de ces femmes aisées, aux mentalités moyenâgeuses dénoncées dans Le sourire de Mona Lisa, décrit une vie ouatée, entièrement dévoué à la maison, les enfants et le mari, dans un cercle restreint. J’ai beaucoup aimé l’ambiance feutrée, mais je regrette le manichéisme avec tous ces hommes tous connards finis sans en racheter du lot. Racistes, machos, fachos, imbus sans respect pour leur conjointe… quant elles sont soumises, idiotes, apeurées, égoïstes, pour ce qu’on nous en montre, mais par-dessus ça, elles finissent par être attachantes. La réalisation est parfaitement maitrisée, sans longueur ni pesanteur pénible. J’en suis ressorti de la salle avec un sentiment partagé d’avoir vu un bon film un peu trop sombre.
La qualité de jeu des actrices est superbe. Emmanuelle Devos (Le temps de l'aventure) est de nouveau excellente, tout comme Julie Ferrier (La stratégie de la poussette), Natacha Régnier (L’écume des jours) et Héléna Noguerra (Hôtel Normandy), qui par touche personnelle évoquent des sentiments différents et pourtant commun avec beaucoup de talent. Laurent Poitrenaux (Renoir), Michaël Abiteboul (Tu honoreras ta mère et ta mère) et Sava Lolov (L'œil de l'astronome) le sont tout autant dans le sens inverse de leur profil. Marie-Christine Barrault (Le grand méchant loup) est excellente dans le futur portait des jeunes femmes. Grégoire Oestermann (Intouchables) et Laurent Capelluto (La permission de minuit) comme Agathe Schlencker (Belle épine), Océane Mozas (D'amour et d'eau fraiche), Catherine Vinatier (Cornouaille) et Louise Coldefy (Superstar) concluent une belle équipe.