Découvert grâce à Platinoch dans sa critique 49ème parallèle, ce superbe film de Michael Powell m’a passionné. Excellent à tout point de vu, car ce film de propagande anti-nazi réalisé en 1940 est intelligemment écrit sans sombrer dans la dualité manichéenne entre bons et méchants d’un schéma primaire. Il faut rappeler que le monde est en guerre depuis les invasions de l’Allemagne nazi qui vient de conquérir l’Europe en un rien de temps, et qu’il ne reste plus que l’Angleterre à résister avec son empire et les membres du Commonwealth. La France n’a plus que son empire colonial. Quant aux Etats Unis d’Amérique, ils sont encore neutres.
Après avoir coulé un navire canadien aux larges des côtes du canada par un sous-marin allemand qui sera à son tour détruit par l’aviation canadienne, six survivants nazis tentent de rallier le 49ème parallèle qui sépare les deux pays nord américain, et donc la liberté et retourner en Allemangne. Le périple meurtrier qui va s’ensuivre, sera l’occasion de montrer au travers de nombreux exemples les deux sociétés diamétralement opposées, entre la dictature nazie et la démocratie. Ainsi, après avoir massacré un poste du littoral et ses habitants Inuits, vivants en bonne harmonie avec les européens canadiens anglophone comme francophone, les marins vont rencontrer une communauté d'huttérites au mode de vie inconcevable pour les nazis. Cette société dans la société, d’origine allemande, est basée sur le partage sans profit ni possession. Ce sont des fermes d’environs 300 personnes, où chacun travaille à la tâche qui lui convient, dans une communauté d’idées chrétiennes de partage total. Ce qui n’est pas sans étonner et scandaliser les marins. Puis d’autres lieux, d’autres mœurs vont amener ces soldats formés aux hitlerjugend à se déchirer et s’entretuer face aux réalités démocratiques, du respect des autres, et mettant en lumière les convictions dangereuses du nazisme pour ceux qui en doutaient encore. Il y a aussi face à eux, les courages des uns et des autres qui leur font face, souvent suicidaire et déterminés pour préserver la liberté de penser et de vivre selon ses choix. On le voit avec le trappeur, avec la jeune huttérite, l’écrivain ou le soldat en perm. La fin est sublime, entre drame et humour.
Le dvd est accompagné d’un supplément excellent avec un moyen métrage, The volunteer. Un docu fiction sur l'habilleur d'un acteur bien maladroit, engagé dans la marine et qui donne tellement le meilleur de lui-même qu’il trouve non seulement sa place, le courage et le talent médaillé.
Le casting regroupe des talents tels Leslie Howard excellent, qui participera à l'effort de guerre au travers de films, articles et émissions radiophoniques, et le paiera de sa vie lorsque son avion sera abattu par la Luftwaffe en 1943. Laurence Olivier est fabuleux, Raymond Massey et Eric Portman, Glynis Johns et Niall MacGinnis (Mary Poppins) et Finlay Currie tous sont excellents. Il y a encore l’Inuit Ley On, mais aussi Anton Walbrook, qui Juif et homosexuel autrichien, dut fuir le régime nazi.