Beaucoup de points similaires dans ce superbe film, avec Boulevard du crépuscule par le même réalisateur Billy Wilder, sauf qu’il abordait une autre facette de la célébrité mal vécue. Adapté de la nouvelle de Thomas Tryon, qui avait lui-même connu son heure de gloire en tant qu’acteur, et qui s’était inspiré pour son livre, des vies de Marlene Dietrich et Greta Garbo. Histoire terrible encore, émouvante et diabolique. Un producteur retrouve une ancienne star internationale afin de la convaincre de revenir sur le devant de la scène dans le rôle d’Anna Karénine, dont la fin est prémonitoire de celle de Fedora. Celle-ci vit recluse sur une ile de Corfou, coupée du monde, entre une vieille comtesse, un médecin,
une vieille domestique et un chauffeur. Difficile d’entrer en contact, et quant enfin il peut la rencontrer et lui proposer de jouer dans un film magnifique avec des acteurs de renommé, la légendaire célébrité donne l’impression d’une prisonnière, d’une malade, angoissée et névrosée… les révélations seront bien plus épouvantables dans ce que le milieu peut être d’affreusement cynique, égoïste et psychologiquement brutal qui surpasse tout ce quoi on peut s’attendre, dans les circonvolutions d’une trame et sur des personnalités que la gloire et la célébrité peut créer de pire. Le film est magnifique, d’une violente beauté, avec des dialogues de qualité et une mise en image tout ce qu’il y a de maîtrisée. Le casting est superbe de talents riches et variés. Je regrette cependant dans la mise en scène, qui démarre pourtant bien, sans rien laisser présager du drame qui va nous être conté. Peu de suspens, puisque les premières images portent sur un suicide, sans que l’on sache qu’il s’agit d’un film qui sème d’ailleurs le doute quand à sa réalité ou d’une fiction. Et puis toute la terrible histoire est déballée d’un coup, sans fioritures, effeuillé trop rapidement, sur une conclusion désolée, dramatique et éreintante. Une œuvre à voir, tant la folie par l’image, par la beauté et la jeunesse peut se concilier avec le sordide jusqu’à des extrêmes inimaginables.
Magnifique casting donc, avec une Marthe Keller (Les géants) que j’adore depuis toujours, tant elle est excellente et trop rare. William Holden (Boulevard du crépuscule) est superbe. Suivent avec une terrible conviction, Hildegard Knef (Les neiges du Kilimandjaro) et José Ferrer, Frances Sternhagen, Mario Adorf et Stephen Collins. Et puis d’autres géants comme l’inégalable Henry Fonda et l’excellent Michael York (L'âge de cristal) que j’adore, qui font des caméo avec beaucoup de sincérité.