Si le documentaire d’Alastair Siddons sur l’artiste JR est sympathique et part de bonnes intentions, il n’en reste pas moins vrai que c’est assez confus et utopico-naïf. En fait, l’artiste a un petit côté désagréable avec ses poncifs pseudo intello bobo, notamment avec ses remarques à pouffer de rire s’il n’était pas aussi sérieux, croyant ce qu’il débite à la chaine. Dans le genre de conneries à deux balles, quand il croit choquer les « bourgeois » en taguant ses initiales sur les murs, ou en voyant dans les voyous des banlieues qui brulent les voitures et caillassent les pompiers, de simples bons petits gars…
Pour le reste, à la suite d’une récompense internationale, JR lance le Inside out project. Ayant débuté comme un tagueur, laissant ses traces sur les murs d’autres marquent leur territoire, il « trouve » un appareil photo dans le métro, et se met à afficher ses noirs et blancs contrastés sur les murs publics qui le feront connaitre du plus grand nombre. Il lance donc son initiative, dont l’objectif est d’apporter une logistique à tous ceux dans le monde qui lui enverrons des photos de portraits de quidams, leur imprimer sur format géant qu’ils pourront ensuite coller sur tous les murs qu’ils voudront. Procédé qui me rappelle celui utilisé avec des photos des yeux dans Women are heroes. Comme on peut s’en douter, l’apport du street art n’aura pas le même impact selon les régimes politiques ou religieux. Ainsi, ça passe sans problème particulier dans nos sociétés où l’image est à l’honneur, et est un vrai faire valoir artistique et économique. Il en est moins vrai sous les dictatures. Le meilleur exemple est celui de la Tunisie, ayant lancé le printemps arabe avec le renversement de leur dictateur et dont la libre expression pouvait montrer la conquête de la liberté par l’affichage des gens du peuple en lieu et place des photos du tyran. Photos de tunisiens en joie qui vont attiser la haine et la violence, bien révélatrice des mentalités coincées. Dans l’ensemble j’ai bien aimé la démarche de ce projet, dubitatif quand au sens du créateur, interloqué par la réalisation confuse et à l’emporte pièce, déçu par les commentaires souvent mal maitrisés. Au final, on suit avec intérêt le développement à travers le monde jusqu’à s’ennuyer lentement mais sûrement.