Et je continue mon cycle d’Akira Kurosawa avec ce chef d’œuvre, véritable petit bijou de sensualité, de poésie et d’humanité. Tout le monde connait désormais la trame. Un petit village de paysans sans cesse pillé par des bandits, souhaite mettre fin au cauchemar qui risque de les anéantir par la violence et la famine. Ils font appel à des samouraïs, payés de quelques bols de riz. Plus par grandeur d’âme et de générosité, pour la fierté de leur fière renommée, que pour le peu de gain de repas, sept samouraïs acceptent de relever le défit contre quarante bandits sanguinaires. Au-delà d’une telle histoire, ce sont les descriptions d’une société qui sont mises en exergues. En y regardant de plus près, et de bien plus experts que moi vous le révéleront, c’est nombre de critiques qui sont abordés sur la société du moyen âge mais des années 50 au Japon qui résonnent encore dans notre monde actuel. Et pourtant, ce film a failli ne pas voir le jour. En effet, durant l’occupation militaire américaine, il fut interdit de produire et de diffuser des films jidai-geki - œuvres historiques consacrées à l'histoire médiévale du Japon- dont ils considéraient le bushido -code d'honneur des samouraïs- aux kamikazes et au nationalisme japonais- comme une hérésie. Film magnifique donc, à voir dans sa version longue bien sûr, tant il ne semble pas durer aussi long, et surtout parce que la froideur apparente des paysans révèle des antagonismes et des mondes diamétralement sinon opposés, du moins totalement différent. En est le meilleur exemple que l’un des samouraïs est issu de la classe paysanne. Il y a de tout dans cette trame en apparence simple. Divers sujets sont abordés, tant dans le racisme de classe, le féminisme, des parallèles sur l’actualité politique et j’en passe. Un véritable chef d’œuvre éternel. Un remake a été très vite réalisé aux states par John Sturges, avec le célèbre Les Sept mercenaires. A la différence de la version américaine, dont le racisme légendaire anti latinos faisait prévaloir la suprématie grandeur d’âme de la race des ricains sur ces pauvres bronzées péons dont il était salvateur d’apporter l’ordre des States en cette terre de misère convoitée pour annexion, au message initial perverti, quant Ici, nous avons une magnifique fresque sociale, politique et culturelle.
En plus d’une magnifique réalisation sur une superbe histoire, la force des interprètes en est l’apothéose. Rarement Toshirô Mifune (Le château de l’araignée) n’aura été à ce point brillantissime, de même que Takashi Shimura (Le garde du corps) terriblement puissant. La jolie Keiko Tsushima (Le goût du riz au thé vert) est belle d’émotion et de présence par son jeu subtile, tout comme Yukiko Shimazaki est excellente. Kamatari Fujiwara (La forteresse cachée), Daisuke Katô (Rashômon) et Isao Kimura, ou Chiaki Minoru, Seiji Miyaguchi et Yoshio Inaba, sont extraordinaires, de même que Bokuzen Hidari, Yoshio Tsuchiya et Kokuten Kodo.