No country for old man

Je sais que ça va paraitre contradictoire, mais il s’agit là d’un chef d’œuvre que je n’ai pas aimé. Je me souviens que la bande annonce m’avait rebuté au point de ne pas vouloir le voir en salle. Pourtant Platinoch n’a cessé de m’y forcer en vain, jusqu’à ce que ne m’en parlant plus, je me décide enfin à lui réclamer son dvd. Donc, cette terrible histoire commence de façon extrêmement violente dès la première scène avec la strangulation longue et forte. En fait, l’histoire tirée du roman de Cormac McCarthy est typique d’une réalisation des frères Cohen. Je modère quand même mon ressenti. Ce film est absolument génial en tout point de vu et hante très longtemps. Véritable réquisitoire de la société américaine, de sa cupidité, sa violence et sa perte d’âme et d’espérance. J’ai été remué par ce taré sans sentiment ni scrupule, qui tue sans doute pas par plaisir, mais avec une froideur rarement vu au cinéma. Commandité pour retrouver deux millions de dollars pris par un pauvre gars sur un carnage entre dealers d’un cartel, espérant une vie meilleur sans se douter être poursuivi jusqu’en enfer. Dans cette meurtrière poursuite, un shérif impuissant assiste à la trace une épopée de l’histoire du pays et d’un constat amer d’une société en perte de valeur et repère humaine, où l’argent roi s’accommode de toute violence et excès. C’est sans doute ce qui me déplait non dans ce film superbe, mais dans ce navrant déroulé d'une histoire sordide. Terrible est la scène quasi finale chez la jeune femme qui résume d’aussi poignante manière l’ambiance générale. La réalisation est impitoyable, froide et inéluctable, sur des paysages et des couleurs magnifiques, dans une absurdité sans fin comme l’horizon pourtant fermé par la mort. Il semble n’exister plus aucune échappatoire, plus aucune porte de sortie que de subir. J’ai été troublé par le rythme qui de linéaire suit à la trace les protagonistes quasi méthodique pour soudain se perdre en un constat de morts comme si l’écœurement prenait toute sa place.

Javier Bardem (Skyfall), est phénoménalement monstrueux de sang froid à nous glacer les sangs. Tommy Lee Jones (Malavita) est magnifique d’impuissance, quant Josh Brolin (Gangster squad) est génial de cupidité suicidaire. J’ai adoré Woody Harrelson (Insaisissables) tout aussi impuissant, quand la belle Kelly Macdonald (Anna Karenine) est merveilleusement attendrissante à en pleurer face à la mort. Parmi les gamins en vélo Caleb Landry Jones (Contrebande).