Décidément les bandes dessinées sont sources d’inspiration pour le cinéma ces temps-ci. Ainsi de celle créée par Christophe Blain et Abel Lanzac qui s’était inspiré de sa propre expérience au ministère des Affaires étrangères, du temps de Dominique de Villepin qui est largement croqué, ainsi que tous les ministres et conseillers de l’époque. Bertrand Tavernier nous restitue les coulisses de nos dirigeants avec une verve et un brio croustillant, mais qui aussi sombre assez vite tel un soufflet. Beaucoup de bons mots et de cocasseries donc, parsèment cette trame. C’est bourré de petites anecdotes rigolotes qui décrivent la vie politique par la lorgnette, avec un regard indulgent et une certaine admiration goguenarde. Pour autant, les joutes oratoires, les rivalités, lâchetés au fil des événements politique sont répétitives à l’excès, et les repères confus tant tous les noms des protagonistes comme des pays sont réinventées au point de ne plus rien comprendre de qui est qui fait quoi où… Je sais que le cinéma est financé par des sponsors. Mais au point de nous matraquer la gueule est extrêmement gavant. C’est le cas avec cette publicité massivement monstrueuse pour une marque de surligneur qui revient de milliers de fois au point d’occulter l’intérêt de la trame. Sinon, c’est drôle un temps, pas très vif, pour s'enfoncer dans des rodomontades qui lassent très vite, et un huis clos théâtral qui vire à l’ennui soporifique.
Par contre, c’est extrêmement bien joué, notamment par Thierry Lhermite (Le noir (te) vous va si bien) excellentissime. De même de Raphaël Personnaz (Au bonheur des ogres) qui utilise sa bonne bouille avec succès. Niels Arestrup (A perdre la raison) nous surprend brillamment avec son jeu à contre emploi de ce qu’on lui connaît habituellement. J’aime beaucoup Julie Gayet (Nos plus belles vacances) et Anaïs Demoustier (Thérèse Desqueyroux) qui dans des style différents sont excellentes. Bruno Raffaelli, comme Thomas Chabrol (Les saveurs du palais) fils à papa maman, mais aussi Thierry Frémont (Un heureux événement) et Alix Poisson, Marie Bunel (Jappeloup), ou Didier Bezace (L’exercice de l’Etat) comme parfaits, comme Sonia Rolland (Minuit à Paris), Jane Birkin (Si tu meurs je te tue) et François Perrot (Avant l'aube) sont tous les points forts de cette comédie satyrique.