Après avoir vu Carrie, la vengeance qui a remué mes souvenirs plus ou moins confus, je me suis précipité dessus pour revoir la version de Brian De Palma. C’est librement inspiré du premier roman de Stephen King, dont quatre adaptations seront réalisées, et notamment une suite à celui-ci avec l’unique survivante du carnage pour une histoire semble t-il similaire.
Donc, Carrie, une jeune fille de seize ans, mal dans sa peau, introvertie, maltraitée par sa folle de mère fondamentaliste religieuse qui la torture psychologiquement, subit depuis toujours les insultes et humiliations de toutes parts, malgré ses efforts pour se faire accepter. Lors de sa douche après le court de volley, elle prend peur panique à la vue de ses premières règles et demande de l’aide à ses camarades. Celles-ci se moquent d’elles à n’en plus finir, déclenchant le réveil d’une étrange faculté. Loin d’être la proie du diable, elle possède des pouvoirs de télékinésie. Sue, une jeune camarade de classe, est la seule à se sentir sincèrement coupable, et tente de se rapprocher d’elle pour se faire pardonnée. Elle demande à Tommy son petit ami de l’emmener à sa place au bal de fin d’année. Une soirée d’abord idyllique, où le jeune homme se sent attiré par la douce et frêle jeune fille, avant de virer dans le pire cauchemar ancré dans nos mémoires collectives ne survienne.
La très grande force dans cette réalisation, c’est l’extrême émotion doublé de la violence des sentiments plus que des actions. Si l’horreur du massacre est évidemment terrifiant, il est aussi quelque part surréaliste tant dans la vision de la jeune fille et des ses actes. L’émotion qu’elle dégage de solitude, de souffrance et de son intense désir d’être accepter comme une fille aussi normale que les autres fait peine à voir face aux refus réels ou imaginaires tant elle est aux prises de l’injustice. Qui dans sa scolarité n’a jamais vu ou entendu, ou subit des injustices de la part de ses camarades ? Moi je l’ai vécu un an durant, de moindre intensité que dans cette terrible histoire, sans oser en parler tellement ça me paraissait aberrant, et que j’ai fini par rater mon année. Aussi, j’ai ressenti ce drame avec une infinie tristesse, bien que la réaction soit disproportionnée bien évidemment. Bien que vieillissant, le film n’en garde pas moins sa force d’émotion et d’horreur, tant l’expressivité de l’actrice principale est si puissante qu’il en trouble durablement.
Ainsi, Sissy Spacek (Blackbird) jouait avec une telle intensité qu’elle en hante à vie. De même la belle Amy Irving est très émouvante, ainsi que William Katt très sensible ou John Travolta (Savages) en bad boy, et les pestes comme Nancy Allen, Betty Buckley et P.J. Soles et enfin la terrible Piper Laurie.