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13 décembre 2013 5 13 /12 /décembre /2013 11:13

Terrible film d’Henry Hathaway qui sous ses airs de western, n’en est pas vraiment un, malgré les cowboys et les diligences. C’est plutôt un film noir, thriller, et drame psychologique qui sont les vrais moteurs de ce petit bijou du genre. Pourtant le début nous attrape par l’épaule rassurant avec une présentation légère d’une compagnie de diligence qui parcourt quatre mille cinq cents kilomètres en 25 jours non stop. Le ton est enjoué comme une annonce publicitaire qui nous promet des chevauchées riches et aventureuses. D’autant que les deux personnages d’un relais perdu dans le désert, sont assez comiques. Arrive une diligence qui n’aura que le temps d’avaler un repas immonde et de changer les chevaux avant de repartir au plus vite. Parmi les voyageurs, une belle jeune femme et un bébé, qui vont devoir rester la nuit par sécurité. En effet, quatre dangereux bandits rodent dans les parages. C’est alors que commence le thriller avec l’arrivée des gangsters et l’angoisse s’installe. Là aussi, on se laisse berner par l’imbécilité crasses de ces personnages patibulaires, plus bête les uns que les autres, dont un qui d’entrée de jeu fait peur par son attitude de débile dégénéré à la gâchette facile. Un huis clos étouffant nous enferme dans ce relais, où règne la peur et une extrême violence. Meurtre et coups donnent le ton.

Il s’agit semble t-il d’un remake de 1935, Pas de pitié pour les kidnappeurs de George Marshall. J’ai adoré cette histoire qui m’a dérouté, angoissé et souvent inquiété, avec par instant fou rire de soulagement face à des protagonistes excellents et instables. Il faut dire que la réalisation est une pure merveille de maitrise, avec une mise en scène parfaite, un noir et blanc aux contrastes tranchés presque glaciale, sur des cadrages époustouflants, et des scènes d’anthologies rarement vu à cette époque. La scène d’étranglement de la jeune femme et la baston du jeune homme, instaurent un choc de violence cru sans trop en voir mais dont le cerveau suggère en plus réaliste. Enfin, une atrocité pose question sur la réalisation. C’est la scène où le tueur fou tire au plus près de la petite fille. Les trucages n’étant pas en 1950 ceux d’aujourd’hui, on devine sans peine qu’avec les lois de protection de l’enfance, il eut été impossible à réaliser. Déjà la scène où la chipounette déambule maladroitement entre les chevaux m’a fait craindre le pire. Un détail me taraude. Lors du passage d’une diligence, le coché insiste lourdement sur la solitude du jeune homme au relais sans faire état de sa femme –puisqu’elle ne l’est pas- et qui aurait du donner la puce à l’oreille des bandits…

Magnifique film donc qu’il faut revoir plusieurs fois tant sont riches les détails, tant sont superbes les interprètes, tant est innovante la mise en scène sur une atmosphère délétère.

Ce que j’aime trouver dans les bonus, c’est l’intervention de Bertrand Tavernier, toujours aussi passionnant, fourmillant d’anecdotes, d’infos et cette propension à se perdre dans ses phrases plongé dans sa riche mémoire pour se retrouver avec son rire de bonheur enfantin.

La très charmante Susan Hayward est excellente de conviction, avec son caractère bien affirmé, donne de sa personne dans un vrai rôle puissant et marquant. Le beau Tyrone Power, est magnifique entre peur et résolution, dans la peau d’un personnage pas si facile. Le tout aussi beau Hugh Marlowe, à contre emploi des habituels images du jeune premier gentil, fait ici preuve d’une richesse d’émotion. Suivent les Dean Jagger, Edgar Buchanan ou Jeff Corey avec efficacité, mais surtout, l’excellent Jack Elam (En quatrième vitesse) faisait preuve d’une perversité débilitante à faire peur par ses regards et ses attitudes un pied sur l’autre angoissant en permanence. George Tobias était encore une fois magnifique, sans oublier bien sûr la petiote Judy Ann Dunn, qui n’a pas fait carrière dans le métier… Traumatisée ?

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commentaires

P
Enorme film, je partage totalement ton avis. Il est vrai que la scène du tir autour du bébé est incroyable, crispante, et totalement barge. C'est sûr qu'aujourd'hui, on ne pourrait pas montrer des choses comme ça à l'écran. Mais le tout donne ici une puissance à ce film... Vraiment, un super western!
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