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22 décembre 2013 7 22 /12 /décembre /2013 21:41

Marco Bellocchio aborde le sujet délicat de l'euthanasie en prenant exemple de la véritable histoire d'Eluana Englaro. Après un accident de la route, une adolescente était restée dans un état végétatif et qui au bout de 17 ans de calvaire a décidé qu’on l’a débranche. Décision personnelle qui a déclenché en Italie un débat exacerbé entre partisans de la fin de vie volontaire et les oppposants conservateurs et religieux. On pense bien entendu à Million dollar baby ou Camino, ou Miele qui en parlait sous un autre angle et bien d’autre sur un sujet aussi sensible. Une affaire privée qui a pris une amplitude telle que le gouvernement de Berlusconi failli faire voter une loi pour interdire le débranchement, qui eut lieu juste avant le vote.

Le film a l’intelligence de ne pas être un reportage documentaire sur la jeune Eluana, que l’on ne voit jamais, mais sur plusieurs histoires de même nature. Un député socialiste confronté au doute de voter comme son parti lui ordonne, ayant sa femme en fin de vie, sert de fil conducteur avec ses doutes et hésitations, ses certitudes et ses lâchetés et son courage. Sa fille milite ardemment contre la mort de la jeune femme par les manifestations et la prière. Un jeune homme dont sa petite sœur ne tient que par une machine souhaite le débranchement pour retrouver une vie normale même si douloureuse de la perte de l’être aimé. Beaucoup de peine et de douleurs, que confrontent les sentiments partagés, exaspérés, désespérés en face de responsabilités, d’amour et de chagrin. Beaucoup de subtilité et de sensibilité, mais aussi beaucoup d’humilité règnent dans cette trame.

Pour ma part, me trouvant dans une telle situation je souhaiterai que l’on ne s’acharne pas et me débranche rapidement. Je ne conçois pas la vie à ce point. Il m’amuse, si je puis dire, que nombre de ceux qui sont contre la fin de vie souhaitée par les concernés, ne s’offusquent pas des avortements qui sont des fins de vie sans consentement des intéressés, ou qui revendiquent le retour à la peine de mort. Il me semble qu’il faille laisser le libre arbitre de chacun, et de répondre à leur souhait de finir dignement. L’acharnement ne revient plus à aimer les personnes en détresse, mais à sa propre peur de mourir. Souffrir dans sa chair ou dans son âme est une torture que l’on ne peut infliger indignement à ceux qui souffrent et veulent partir dignement.

Le film est magnifique, crispant, angoissant et forcément révoltant face aux intolérances, face à l’injustice de la vie et de la mort. La réalisation est belle, toute de sensibilité, sans jamais jeter l’opprobre, ni prendre parti. Chacun fait face à ses certitudes, à ses doutes et à sa conscience face à différents exemples qui interpellent sans laisser indifférent. La politique et la religion n’ont rien à faire dans ce débat, comme dans tant d’autres d’ailleurs.

Là aussi, les interprètes ont leur part de responsabilité dans la qualité du film et du sujet. Ainsi, Toni Servillo (La grande Bellezza) est excellent. J’adore Alba Rohrwacher (La solitude des nombres premiers) toujours aussi percutante d’émotion et de charme, de volonté et de tendresse. Michele Riondino est parfait, émouvant et torturé, de même Isabelle Huppert (Au bonheur des ogres) qui est sobre et émouvante. J’aime beaucoup aussi Maya Sansa (Alceste à bicyclette) belle et terriblement marquante. Ensuite, Piergiorgio Bellocchio (Melissa P.) et Gianmarco Tognazzi (To Rome with love) comme Brenno Placido (Le rêve italien) sont dans la même veine. Et enfin, la très belle Carlotta Cimador que j’espère revoir rapidement bien éveillée.

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