Superbe film de Paolo Sorrentino (This must be the place) qui porte bien son titre de la grande beauté, car il est magnifique. La ville de Rome en est évidemment la vedette dans le cœur et l’âme de tous les protagonistes, entre la vie et la mort, les amours et les joies, les espoirs et les déceptions. J’ai juste adoré.
Pourtant, dans cet univers de fêtes perpétuelles, il ne règne pas de grande joie de vivre. Pour les soixante cinq ans d’un célèbre écrivain d’un seul livre, c’est une vie d’oisiveté qui est tristement étalée. Désabusé, triste, morose sur le temps qui passe, sur la vieillesse sont en opposition d’images de fêtes, de filles magnifiques, de chantes et de danses sur une bande musicale riche et variée. Il y a du Le bal d’Ettore Scola en plus profond, plus émouvant plus magique.
Ça commence comme une sorte d’absurdité, celle de la vie, avec cette visite de touristes japonais, dont un meurt d’une crise cardiaque en regardant la ville lumière. S’ensuit cette soirée d’anniversaire délirante où j’avais envie de m’y mêler tant l’ambiance débridée de folie, de cris, de chants et ces danses enivrantes entrainent à s’y fondre. Et puis d’une conversation l’autre, de souvenirs, des rencontres et des visites au cœur de Rome, et même de bateau sur le Tibre qui me donne l’envie de retourner dans cette ville magnifique, on découvre des protagonistes désabusés. Pourtant, quelles sont les belles les italiennes…
J’ai adoré cette réalisation époustouflante, où tous les contrastes et oppositions et contradictions s’affrontent, s’entrechoquent et s’épousent pour aboutir à un magistral feu d’artifice. En effet, tous les sens sont confrontés à la dure réalité de la vie… mondaine ? L’amour et le sexe, la religion et la politique, la beauté et la laideur, la vie et la mort, les regrets et les remords… les dialogues sont excellents, entre les conversations piquantes, les entretiens pour un journal d’arts et d’essais, qui résultent de d’intellos bobo aux conceptions en marge des réalités, pétris d’amertumes et d’égocentrisme. Les images sont belles, les danses et les musiques choisies avec délicatesse entre ancien et modernes, soft et populaire dans un tourbillon de sensations qui restent longtemps dans l’âme.
La distribution est à la hauteur de l’événement. De fait, Toni Servillo (La belle endormie) est excellemment magique, entre son charisme et son talent, passe par toutes les nuances des sens de la joie à la tristesse. De même Carlo Verdone (Un balcon sur la mer) est brillant et émouvant. La belle Sabrina Ferilli est d’une intense émotion, quand Iaia Forte (Miele) et Isabella Ferrari, Vernon Dobtcheff (La clinique de l'amour !) et Carlo Buccirosso, ou encore Franco Graziosi (Habemus papam) et Sonia Gessner, Giorgio Pasotti et Luca Marinelli (La solitude des nombres premiers), comme Pamela Villoresi et la très belle Galatea Ranzi qui est excellente. Et dire que Serena Grandi a été si belle… Quant à la jeune Anna Della Rosa, elle est totalement habitée. Et parmi les caméos Fanny Ardant (Les beaux jours)… Tous nous font virevolter dans cette folle farandole.