Trop beau film, qui m’a touché au plus haut point. Yoji Yamada aborde le genre de la vie des samouraïs avec une vision bien différente de tout ce que j’ai eu l’occasion de voir, notamment avec les Akira Kurosawa ou Kenji Misumi (La lame diabolique) mais s’approchant d’un Kenji Mizoguchi (Les contes de la lune vague après la pluie). Réalisateur prolifique avec sa série de films série fleuve de Tora-san (Otoko wa Tsurai ans) arrêtée à la mort de son acteur fétiche, celui-ci est le premier d’une trilogie avec La servante et le samouraï, et le 3ème opus Bushi no ichibun (Love & honor).
L’histoire est raconté en voix of par la fille ainée d’un samouraï pauvre, veuf avec à sa charge deux fillettes et une mère sénile, qu’il tente de subvenir à leur nécessité avec difficulté. Elle nous conte la vie de ce père aimant, doux et tolérant, qui travaille au service administratif d’un shogun. Il se voit proposé par un oncle de se marier, qu’elle puisse s’occuper de sa famille dans la respectabilité aux yeux des autres. Le samouraï, homme bon et humble, refuse afin d’élever ses enfants avec tout l’amour qu’il leur voue et qui lui rendent bien. Quand un amour de jeunesse refait surface, après un douloureux mariage aux violences conjugales. Tout deux se rapprochent, avec cet amour profond qui les unit depuis l’enfance. La différence de revenue l’oblige à refuser l’union qu’elle désir autant que lui…
Yoji Yamada nous entraine dans l’intimité au plus proche de la vie quotidienne des samouraïs, entre les différentes castes, dans les règles strictes et des traditions séculaires. Mais il apporte aussi un regard d’une immense tendresse qui m’a beaucoup émut. La mise en scène est superbe, les dialogues magnifiques, avec une reconstitution détaillée. A noter que la costumière, Kazuko Kurosawa, n'est autre que la fille du grand maître Akira Kurosawa. Les couleurs pastel, limite sépia nous plonge dans l’époque presque surannée. J’ai adoré toutes les subtilités de la caméra, les nuances des regards et des non dit. Il plane sans cesse dans cette atmosphère comme une douce poésie, ponctué d’émotion tendre et d’actions magiques comme le combat ordonné par le shogun. Nous sommes loin des scènes de violence sanglantes au katana, dans la peur et la haine. Ici tout est à l’échelle de l’humanité, des fatalités et du respect. Une belle page d’amour qui m’a marqué.
Hiroyuki Sanada (Wolverine : le combat de l'immortel) dégage une immense tendresse avec un talent extraordinaire. La très belle Rie Miyazawa, est d’une merveilleuse émotion. Tetsuro Tamba est terrible, comme Min Tanaka (Hara-Kiri : mort d'un samourai), Ren Ohsugi ou Nenji Kobayashi et Mitsuru Fukikoshi ou encore Hiroshi Kanbe. Reiko Kusamura est excellente, tout comme les filles Erina Hashiguchi et Miki Ito, drôles et émouvantes.
« Voir grandir mes deux filles, c'est comme voir mûrir une récolte, ou des fleurs dans un jardin. C’est un délice pour moi ».