Dans la hotte du père noël Platinoch cette année, je n’ai eu que des films japonais et quasiment que des films d’Akira Kurosawa, c’est peu dire qu’il connait mes gouts.
Librement inspiré d’Hamlet de William Shakespeare, une fois n’est pas coutume dans l'œuvre du maître, bien que je n’en perçoive pas des masses de similitudes. Cependant, marquant jusqu’au traumatisme tant la trame est émotionnellement très forte, le film est sombre, bien loin de l’univers des histoires de samouraïs.
Ça commence par un mariage, qui ressemble à une scène de théâtre, entre les convives d’un côté et des journalistes et policiers de l’autre. De fait, le décor est planté. Autour des jeunes mariés, se présentent les acteurs d’une comédie dramatique, où tous se tiennent par des secrets de corruptions et de détournement de fonds jusqu’aux meurtres. Quand deux pièces montées arrivent, une traditionnelle, et une autre représentant un superbe immeuble avec une rose rouge plantée au septième étage, certains protagonistes s’inquiètent qu'une ancienne ne ressurgisse… La justice s’intéresse de très près aux dirigeants d’une entreprise où tous les cadres sont présents à cette cérémonie, soupçonnés de malversations et diverses sans trouver de preuves flagrantes pour les inculper, malgré l’aide d’un corbeau. Pourtant, des agents de la comptabilité et du service juridique de l’entreprise se suicident afin de ne rien divulguer qui puisse compromettre leur patron.
Pas facile d’être aussi salaud que les salauds, la différence étant une question de conscience que n’ont pas les vrais salauds. Vengeance et face aux manipulations de toute part vont égrener cette histoire et révéler bien des noirceurs épouvantables. Akira, abordait un thème qui reste toujours autant d’actualité au Japon comme ailleurs, et chez nous bien sûr. La corruption est la gangrène de nos sociétés, dictatures ou démocraties, depuis la nuit des temps, et que l’ont ne risque pas d’éradiquer tant c’est très profitable. J’ai en mémoire récente le « je vous le dis droit dans les yeux, je n’ai pas de compte en Suisse… ». Il n’est le premier ni le dernier salaud à se foutre de nos gueules, hélas.
La réalisation est époustouflante de cynisme qui fait froid dans le dos. Tel un thriller, j’ai ressenti une ambiance à la Georges Simenon –autre que ses Maigret- façon Henri-Georges Clouzot, dans laquelle baigne une atmosphère putride, où en effet, les salauds dorment en paix. La trame en noir et blanc est superbe, sur une mise en scène calibrée de telle manière que les effets sont magnifiques, avec des dialogues et des protagonistes excellents.
Difficile dans ce jeune homme, de reconnaitre Toshirô Mifune (Les sept samouraïs), qui excelle d’émotion et de rage qui ne demande qu’à éclore, Masayuki Mori (Les contes de la lune vague après la pluie) est superbement cynique, quand la jolie Kyôko Kagawa (Voyage à Tokyo) est bouleversante de tendresse et de désespoir. Excellents également les Tatsuya Mihashi et Takashi Shimura (Kwaidan), Kô Nishimura et Takeshi Kato (Le château de l’araignée) ou encore Kamatari Fujiwara (Le garde du corps).