Pour avoir découvert Marthe Keller récemment dans Fedora, je me suis souvenu de sa belle prestation dans ce film qui m’avait terriblement marqué.
John Schlesinger avait adapté le roman de William Goldman, qui s’était inspiré pour son effrayant personnage du docteur Szell, de l’épouvantable docteur Josef Mengele, médecin nazi en chef à Auschwitz de sinistre mémoire.
Et de fait, de l’avoir revu en version complète –la scène de torture avait été abrégée à sa sortie- m’a remis plus que mal à l’aise. L’histoire en soit est déjà terrible, avec cet étudiant particulièrement marqué gamin par le suicide de son père, suite aux pressions fascisantes du maccarthysme, se trouve mêler à la mort de son frère dans une sombre affaire d’anciens nazis.
Déjà que, comme vous peut-être, la séance annuelle chez le dentiste est synonyme d’angoisse, alors cette scène de torture dentaire est juste une monstruosité qui résonne de mes racines jusqu’au plus profond de mon être. L’histoire désormais classique dans la culture populaire, raconte donc, cet étudiant faisant sa thèse, passionné de marathon, ayant un frère qu'il croit travailler dans le pétrole, avant de découvrir qu’il est un agent du gouvernement. Au même moment, il tombe éperdument amoureux d’une jeune suissesse et semble filer le parfait amour. Avec l’assassinat de son frère, sa propre vie est en danger et le plonge dans l’horreur…
Divers thèmes sont abordés dans cette terrible histoire, où suspens, trahisons et meurtres trouvent leurs origines dans les camps de la mort. Les nazis arrachaient les dents en or de leurs victimes, qu’ils ont emportés dans leur fuite à la débâcle. Sur un rythme d’enfer sans temps mort, la réalisation est superbe et ne nous laissant pas le temps de souffler et de nous remettre de nos émotions, ni de respirer un peu histoire de trouver un peu de calme avant la prochaine tempête, tant tout se joue en vérité en quelques heures. J’ai encore été autant scotché à suivre cette trame qui ne prend pas une ride que la première fois que j’ai l’ai vu. Certaines scènes sont d'anthologies, comme la première avec la dispute mortelle entre le frère nazi et un ancien déporté, comme celle finale dans le quartier juif où l'agitation est bien révélatrice entre la génération de l'holocauste et celle d'après guerre. Contrairement au livre, la superbe fin, à été intelligemment modifiée à la demande de Dustin. En effet, dans le roman, c’est Babe qui tue Szell, acte qui déplut à l’acteur qui fit changer en mieux, telle que nous la connaissons avec cette ironie de la lame diabolique.
Les bonus, qui datent de 2001, sont riches et passionnants, avec les témoignages des principaux interprètes et réalisateur, alimentés du making of, des coulisses comme des répétitions. Il s’en dégage une grande cohésion d’amitié et d’admiration entre les interprètes qui nous révèlent bien des petits secrets de tournage.
Dustin Hoffman (Mon beau-père et nous) est prodigieusement génialissime, face à un Laurence Olivier à faire frémir, Roy Scheider est puissant, notamment dans son agonie, alors que William Devane (The dark knight rises) est terrible de monstruosité. Marthe Keller (Les géants) y est excellente, dégageant avec talent émotion et colère.