Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
14 décembre 2013 6 14 /12 /décembre /2013 10:53

Sordide, violent et profondément immoral. Cette histoire met bien en exergue tout ce que la polygamie peut avoir de choquant, de sale et de malsain tant dans la pratique quotidienne que dans la mentalité.

Une femme malade, va trouver une jeune file de l’Anatolie profonde pour la remplacer dans le lit de son vieux mari par le biais d’un mariage blanc avec son fils. Devenant ainsi la maitresse d’un vieillard, cette jeune femme devient aussi l’esclave de la famille, bonne à tout faire, cuisine, ménage et j’en passe, s’occuper des enfants, de la mère malade et du vioque. Et tout ce petit monde, limite dégénéré, dont aucun n’est particulièrement sympathique, va s’accommoder que la femme du frangin soit la pute au père pendant que madame se fait dorloter par la gamine plus jeune que les ainées de la fratrie. Qui plus est, elle travaille dans la superette du quartier pour subvenir aux finances de la famille, et pour couronner le tout, elle est méprisée par tous. L’esclavage « familial » ne semble heurter personne. Et pour cause, ils en profitent tous.

Reflet d’une culture qui sous couvert de religion, pratique des exactions malsaines. Sont abordés ici, divers sujets de société telles que l’exploitation, la violence conjugale et encore, n’avons-nous pas droit à une lapidation finale ou crime d’honneur. Quoique ? Le plus odieux dans toute cette tragédie c’est l’acceptation, le fatalisme de l’innommable, qui plus est avec le sourire et le sentiment du bien. Plus cruel encore, comme le signale justement Maryanne Zéhil dans La vallée des larmes, si les hommes sont ignobles dans cette communauté, c’est en très grande partie la faute des femmes qui perpétuent les fondements de leur propre malheur par la philosophie religieuse des plus archaïques. Il n’est qu’à voir le peu de solidarité entre elles, jouant le jeu de l’horreur.

Et la réalisation dans tout ça ? Elle est très belle et sonne juste. Pour son premier long métrage, Umut Dag filme au plus près de ses personnages, avec un regard sur les femmes, leurs émotions, leurs espoirs et la joie, ainsi la peur et la déception. La violence et la haine font mal à lire dans les yeux. C’est magnifiquement mis en scène avec les rôles principaux aux femmes. On sent que le réalisateur les aime et souhaite leur donner la parole avec une liberté sans faille. Je me suis senti coincé dans ces espaces restreints tant dans les lieux aux pièces étroites, mais dans les mentalités et les relations d’une étroitesse étouffante. Au final, un bon film violemment scandaleux par ce qui s’y passe, et dont ma saine colère fait face à autant d’archaïsme douloureux. Le clou étant ces actrices exceptionnelles, qui dégagent autant d’émotion.

Ainsi, Nihal G. Koldas est excellemment odieuse sous ses faux airs de femme aimante, face à la belle Begüm Akkaya joue avec une telle sincérité qu’elle en fait mal au cœur. Vedat Erincin (Shahada) bien plus odieux qu’il n’y parait, est parfait. Ensuite, Murathan Muslu et Alev Imak, comme la jolie Aliye Esra Salebci, ou l’excellent Ethem Saygieder, apportent tous une grande force et cohésion à ce drame.

Partager cet article
Repost0

commentaires