S’il n’y avait eu cette propension à un fort mélo au pathos lourdingue sur une fin nunuche d’happy end hollywoodienne au détriment d'une histoire complexe, James Gray aurait pu me séduire beaucoup plus, comme il m’avait époustouflé avec son excellent La nuit nous appartient.
En effet, cette histoire qui résonne plus vrai que les habituelles histoires de nouvelle vie des immigrants du monde venant chercher fortune dans le nouveau monde était un bon point de départ. On se doute bien qu’en plus du malheur que ces vagues d’immigrations au détriment des peuples amérindiens qu’ils extermineront sans pitié, a aussi été source de malheur pour tous ces arrivants. La jungle malfaisante où s’agglutinent tous ces pauvres est un choix de roi pour les mafieux, maquereaux de la pire espèce. C’est ce qui arrive à deux jeunes sœurs polonaises, espérant retrouver une tante déjà installée, mais que la maladie de l’une d’elle complique les choses. Un proxénète jette son dévolue sur l’ainée et en échange de prostitution lui promet d’intervenir pour la faire libérer. Jusque là, je me suis laissé porter par l’ambiance sordide, l’environnement glauque, les relations malsaines dans une reconstitution parfaite de l’époque.
Je me suis rappelé de mon émotion lorsque j’ai visité Ellis Island, alors propre et calme, en imaginant ces millions de pauvres hères venus des quatre coins du mondes, dans toutes les langues et dialectes, de toutes races et cultures, avec la même espérance d’une vie nouvelle, épuisés et hagards ayant parcourant des semaines de traversée où furent nombreux ceux qui n’y arrivèrent même pas. Pire, ceux qui malades, qui furent refoulés et dont beaucoup se suicidèrent.
Le film relate cette atmosphère et les difficultés et dangers d’une telle entreprise que l’espoir déçu a pu faire naitre tant de douleur face à la violence. Mais assez vite, le réalisateur se perd dans un Dickens à l’eau de rose, entre une amourette entre un proxo et sa prostituée avec le cousin. Beaucoup de longueur, peu d’imagination pour un résultat sympa mais qu’un peu plus de réalisme, de noirceur et d’envergure aurait pu faire naitre une grande histoire.
Le casting tient la route. Marion Cotillard (The dark knight rises) est belle et convaincante, face à Joaquin Phoenix (The master) qui impose son charisme et un Jeremy Renner (Hansel & Gretel : witch hunters) à la hauteur du défit. La très belle Dagmara Dominczyk, comme Angela Sarafyan (Twilight 5) ou Jicky Schnee et Yelena Solovey, sont parfaites. De même que Maja Wampuszyc.