Avec ce film, Akira Kurosawa adaptait le roman King ransom d'Ed McBain, nous plongeant ainsi dans un drame moderne bien sombre, loin des samouraïs.
L’histoire commence par des conciliabules entre actionnaires dune grande entreprise, qui veulent en prendre le contrôle par le biais de la mise en commun de leurs actions. Coup d’éclat lorsque Kingo Gondo refuse leur offre. Il est en effet sur le point d’acheter des parts tiers afin d’en être le seul majoritaire. Jusque là, nous sommes en plein dans le combat capitaliste quand un coup de fil annonce l’enlèvement du fils de Kingo. Celui-ci est prêt à payer la somme au risque de voir s’échapper le contrôle de son entreprise et de fortune faite. Sauf que manque de bol, c’est le fils du chauffeur qui a été kidnappé par erreur. S’ensuit alors toute l’enquête, les investigations et recherches en tous genres qui nous entrainent du ciel où vivent les riches, en enfer où à l’opposé croupissent les indigents.
Filmé avec une théâtralité quasi en huis clos angoissant dans la première partie, où tous les personnages se font tantôt face lors du complot entre cadres dirigeants, puis tous se tournent le dos quand kingo ne prend pas tout d’abord les bonnes décisions, avant ensuite nous embarquer vers l’extérieur hostile de la ville basse sombre et sordide. Histoire manichéenne à la dualité classique, qui nous révèle les bas fonds d’une société de misère et les dégâts de la drogue et ses ravages.
La mise en scène du maître est une fois de plus excellente, sur une histoire magistralement bien menée et superbement interprétée. Je regrette peut-être un parti pris volontairement axé sur une vision conflictuelle riches / pauvres moins défendable au regard du profil du kidnapeur, orientant plus vers le polar classique que le drame social.
Au risque de me répéter, Toshirô Mifune (La forteresse cachée) est excellentissime, passant par toutes les strates de l’expression des sentiments avec justesse, Tatsuya Nakadai (Ran) est tout aussi excellent, de même que la douce Kyôko Kagawa (Les salauds dorment en paix) tout en sensibilité. C’est aussi sans faille que Tatsuya Mihashi (Casshern) et Isao Kimura (Les sept samouraïs), Kenjirô Ishiyama (Kwaidan) et Takeshi Katô (Yojimbo) comme Takashi Shimura (Le garde du corps) et Jun Tazaki (Ran), de même que Nobuo Nakamura (Le goût du saké) et Yûnosuke Itô (Vivre), ou encore Tsutomu Yamazaki (Departures) Yutaka Sada (Le château de l’araignée) et Masahiko Shimazu, et enfin les enfants Shinichi Aoki, et Toshio Egi, participent avec conviction à cette œuvre.