Inspiré d’un fait divers réel, Ryan Coogler pour sa première réalisation nous conte les vingt quatre heures qui ont précédées le drame survenu à la station de métro Fruitvale.
Film docu fiction façon reportage qui, si la réalisation est solide, menée tambour battant, avec une ambiance lourde et pesante d’où émerge une très grande émotion, le parti pris ultra manichéen en gâche une très grande partie de crédibilité. A trop vouloir montrer un jeune homme bien sous tous rapports, malgré quelques écarts, drogue, deal, prison, adultère, mensonges qui sont compensés par des excès d’humanité de bon père, bon fils, bon amant, bon copain, qui comme par hasard CE jour là décide d’arrêter la drogue et le trafic, de devenir un meilleur père, un bon mari, un bon fils… De même ce grossier hasard de la rencontre de cette jeune femme du magasin dans le métro, comme pour souligner encore le témoignage de bonne moralité de la victime. Ce n’était pas nécessaire et décrédibilise un peu plus le regard du réalisateur.
Qu’importe qui il était au fond de lui, bon ou mauvais, ange ou démon, personne ne mérite de mourir assassiné de la sorte par un policier censé garantir la loi et la sécurité de tous les citoyens. C’est ce qui aurait du ressortir le plus de cette terrible tragédie dans cette dramatique, qui n’a rien à voir avec une bavure ou un accident. Il s’agit ni plus ni moins d’un meurtre, -l’assassin n’a fait que 11 mois de prison parce qu’il aurait confondu son arme à feu avec son teaser- ce qui ne justifie pas qu’on tire sur un homme face à terre dans le dos. Qu’importe la couleur ou l’âge de la victime ou du meurtrier, cela peut concerner chacun d’entre nous en croisant un excité de l’ordre et de la gâchette, comme il en traine hélas dans toutes les forces de l’ordre de tous pays…. qui finalement protègent avec complicité ses tueurs en leur accordant une certaine immunité.
Alors, oui c’est un bon film, bien réalisé et bien joué, avec une grande intensité et beaucoup d’émotion, mais le script porte un regard trop partisan, trop tendancieux à trop vouloir en faire beaucoup pour blanchir plus qu’il n’en était nécessaire, et sur le caractère racial victime supposé par sa couleur de peau. Dommage.
Michael B. Jordan (Chronicle) est excellent, face à Melonie Diaz tout aussi parfaite et Octavia Spencer (Snowpiercer, le transperceneige) terriblement émouvante de dignité. Egalement Ahna O'Reilly et la petite Ariana Neal.