Quelques fois, il suffit de remonter un peu en arrière pour découvrir des films d’horreurs bien plus angoissants que ceux que nos contemporains produisent. Le film de Michael Powell (Une question de vie ou de mort) en donnait un superbe exemple en 1960 avec ce pur tour de force.
Avec cette réalisation, le réalisateur se lançait seul dans l’aventure sans son complice de toujours Emeric Pressburger. Il n’hésite pas à se mettre en scène, ainsi que son fils. Ce film, précurseur dans son genre n’aura pas le succès mérité, tant il a choqué en son temps tellement la réalisation a pu effrayer et déranger public et critiques, et provoquera même son déclin, mais deviendra plus tard la référence de la jeune génération.
Et en effet, l’histoire est épouvantablement angoissante et génialement malsaine. Un jeune homme, opérateur photographe de son métier, ne quitte jamais son inquiétante caméra, notamment dans les meurtres de jeunes femmes. Le film est souvent vu par le regard de l’objectif de la caméra, véritable voyeur en toute circonstance. Prenant conscience de ses activités criminelles, nous suivons son parcourt insane avec la trouille au ventre et le malaise permanent. Entre le regard de fou de Mark et l’œil de son instrument, on tente d’en comprendre les motivations, les victimes recherchées et la manière dont elles sont assassinées. Pourtant, rien n’est montré ou si peu, mais tout est dans la suggestion renforcé par cette ambiance délétère et ce fond sonore, doublé du regard inquiétant de l’assassin.
Rarement je ne me suis senti aussi mal à l'aise du début à la fin, troublé par la vision de l'ancêtre du found footage, mais surtout du parti pris de la mise en scène. Sans doute qu'il a pu prendre un petit coup de vieux, mais son efficacité est toujours là et l'effet bien présent. Sorti au même moment que Psychose d’Alfred Hitchcock, je le trouve plus fort et troublant en émotion et ressenti, même avec Anthony Perkins terriblement très marquant.
Il faut avouer que le beau Karl-Heinz Böhm est extraordinairement diabolique, envouté par son personnage, et envoutant. Anna Massey qui jouera ensuite dans le terrible Frenzy d’Hitchcock, est excellente par une présence émotionnelle très forte. Il en est de même de Maxine Audley impressionnante, ainsi que la très belle Moira Shearer, de Brenda Bruce, Jack Watson et Esmond Knight, sans oublier les belles Shirley Anne Field, Susan Travers et Paddy Edwardes, et le gamin Columba Powell.