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16 janvier 2014 4 16 /01 /janvier /2014 11:02

J’appréhendais ce film, après avoir fais nombre de recherches sur le film et la vie de l’actrice. Finalement, Rob Epstein et Jeffrey Friedman réalisent un biopic intelligent, sensible et émouvant.

En effet, sans l’avoir jamais vu, je sais comme beaucoup de quoi retourne le célèbre film Deep throat - Gorge profonde dont il est ressorti une image d’Epinal vantant la réussite de ce film pornographique comme ayant libéré la sexualité, les mœurs et les tabous… Si de fait, des tabous sont tombés, notamment dans la pratique de la fellation, cela à été à quel prix ? Comme le démontre si bien la première partie du film, la mythologie veut que la réalisation du film porno devenu culte dans le monde entier, se soit déroulé dans la joie et la bonne humeur. Pourtant, il n’en est terriblement rien de cela.

Linda Boreman, gamine de dix neuf ans, a fait la mauvaise rencontre de sa vie, comme hélas pour beaucoup de femmes. Son futur mari, Chuck Traynor, est une de ces petites pourritures de proxénète, violent et dégénéré, qui va lui faire subir un véritable cauchemar. La jeune femme, battue, violée, prostituée, apeurée, va se retrouver jouer dans un film porno en tant que Linda Lovelace, et dans lequel elle exécutera contrainte et forcée, des fellations profondes, sous la menace d’un révolver. Elle dira à ce propos « À chaque fois que quelqu'un regarde Gorge profonde, il me voit en train d'être violée. C'est un crime qui est en train de se dérouler dans ce film : j'avais un revolver sur la tempe, tout le temps ».

Si en effet, la fellation est devenue une pratique sexuelle naturelle, jouissive et très agréable, ça ne peut l’être naturellement que dans le plaisir librement consenti, offert et partagé. Dommage que la libération des mœurs ait été de cette manière. D’autant plus qu’à la sortie du film, des milliers de femmes ont été hospitalisées, victimes de viols de la gorge par leur compagnon voulant refaire chez eux ce qu’ils avaient vu avec le film. C’est évidemment beaucoup moins glamour.

Du coup, ce film relate la vie que la jeune femme a vécue durement, avec beaucoup de sensibilité, de tact et de réalisme. C’est souvent intolérable par la violence, heureusement le plus souvent suggérée, mais aussi la violence morale qui m’a mis mal à l’aise et en colère, face surtout à sinon la complicité de tout ceux qui savaient, du moins de leur silence et inaction coupable. Belle réalisation, et surtout grâce à une interprétation d’un casting solide. Mais que la mode des années soixante dix était laide !

Ainsi, Amanda Seyfried (Un grand mariage), est magnifique de conviction, d’émotion et de force. Elle est juste sublime. Bobby Cannavale (Parker) est odieusement terrible et marquant. Peter Sarsgaard (Blue Jasmine) et Sharon Stone (Largo Winch II) comme Juno Temple (Magic magic) font preuve de présence. Robert Patrick (Gangster squad), Chris Noth et Adam Brody (Jusqu'à ce que la fin du monde nous sépare), ou Chloë Sevigny (If these walls could talk 2), et James Franco (C’est la fin).

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commentaires

B
En effet, merci, je vais chercher ces compléments pour avoir un meilleur point de vue.<br /> Elle peut avoir changer son discours pas seulement pour faire plaisir aux conservateurs, mais avec le recul sur sa vie.<br /> A suivre...
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P
Je n'ai pas vu ce Lovelace qui parait-il est très lisse. Pour autant, je te conseille de voir absolument &quot;Inside deep throat&quot;, documentaire pour le coup vraiment fouillé autour de l'histoire de ce film. Celui-ci montre une Linda Lovelace beaucoup plus versatile, qui a surtout changé de discours du fait de la pression des lobbys conservateurs qui lui ont mené la vie dure. A l'occasion regarde aussi Boogie Nights, de PT Anderson, qui retrace avec pas mal d'intelligence les années d'or de cette industrie...
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