A la différence de Carnage ou de Le prénom, la réalisation réussie à atténuer l’effet théâtre filmé grâce à une mise scène plus libre dans les mouvements de caméra, mais qui ne sauve pas pour autant de la trame. François Desagnat a adapté la pièce écrite par Philippe Lellouche, qui avait été jouée par la même troupe dont on sent d’ailleurs la parfaite complicité de jeu.
Pour autant, l’histoire est particulièrement désagréable, sur des dialogues débiles. Trois amis depuis le collège se retrouvent pour une soirée hebdomadaire, où les propos de beaufs fusent comme des gerbes de dégueulis de mauvais gout, surtout dans un machisme effréné. Une invitée surprise doit arriver incessamment sous peu. Le mystère est vite levé, il s’agit de Margaux, une super belle camarade de collège dont les trois compères avaient tentés de se la faire en vain. Les fantasmes reviennent, et ils décident que ce soir ce sera chacun pour soit, telle la meute d’ados qu’ils étaient vingt ans plus tôt. Sauf que si la belle est toujours aussi magnifique et canon, elle est depuis treize ans en fauteuil roulant suite à un terrible accident de moto. Grand froid papable et comportements et propos de cons rendent pénible les retrouvailles. Apparemment, elle n’est plus une jolie jeune femme aussi séduisante et désirable à leurs yeux. Le malaise va avoir du mal à se lever, d’autant qu’un jeu de la vérité s’engage, où les questions n’abordent quasiment que de cul qui tourne très vite en rond, d’autant qu’il n’y a pas logique narrative, sauf une beauferie pitoyable. Enfin, le final est juste déplaisant, de part le foutage de gueule dont il est à ma base de toute l’histoire. Car je sentais avec appréhension un piège grossier dont je craignais le pire, et qui fort heureusement pas celui qui arrive, c’est le ton général qui est un gouffre de connerie jusqu’au bout.
Pourtant, parler d’amour et de sexualité des handicapés était en soit une bonne idée de départ pour désamorcer des idées reçues, et rendre dignité aux sentiments amoureux, aux désirs et aux fantasmes qui sont les mêmes pour tous. Sauf que mal écrit, ça devient sordide, non pas sur le sujet lui-même mais sur la manière de l’aborder avec autant de maladresse et de lourdeur qui en rend tous les protagonistes antipathiques, et l’histoire avec.
Philippe Lellouche (Bienvenue à bord) et sa femme Vanessa Demouy, Christian Vadim et David Brécourt que l’on retrouve dans Nos plus belles vacances, dudit Lellouche, apportent un rodage et une complicité éprouvée.