Le choc ! Il y a comme ça des films sortis de derrière les fagots de chez Platinoch, dans lesquels se révèlent des chefs d’œuvres atypiques et inattendus. Lorsque the end s’est affiché, j’ai ressenti un immense trouble face à je que je venais d’assister. Ce western réaliser par Hugo Fregonese en 1956, sort de tous les cadres du genre, avec une modernité incroyable, une puissance sèche, concise et maitrisée que rarement film peut égaler à ce point.
L’histoire est inspirée d’un fait d’arme qui s’est réellement passé durant la guerre civile américaine. Après s’être échappé d’un camp de prisonniers de guerre, un groupe d’officiers confédérés élabore l’attaque d’une ville yankee, afin de piller les trois banques pour le fond de guerre sudiste, et créer un tel événement que le nord pourrait dégager des troupes et soulager la pression sur le Sud. Pour cela, ils s’infiltrent en ville par petits groupes à la population et l’attaque est soudaine, rapide et d’une redoutable efficacité.
Ce qui marque le plus dans ce film, c'est la qualité magistrale de la réalisation, tant par la mise en scène, les cadrages et l’interprétation extraordinaire mais c’est surtout le ton et le profil des protagonistes. Indéniablement, le parti pris pour le sud ne fait aucun doute, comme d’ailleurs très souvent dans les films du genre. Mais au-delà, c’est ce regard porté sur les personnages avec beaucoup d'empathie et de bienveillance de tous bords. En aucun cas il ne tente de les juger ni de les condamner. Bien au contraire, il montre des sudistes qui ne sont pas sanguinaires, mais qui sont des gens qui ont souffert et à qui on a tout pris, suggérant les horreurs perpétré par le général Sherman qui s’était comporté comme un criminel de guerre, détruisant les villes comme Atlanta en massacrant les populations, où viols et meurtres sur les civils étaient quasi systématiques. Mais les nordistes ne sont pas en reste, montrant des gens manipulés à la haine par les politiques. La logeuse en est un bon exemple, en tant que femme adorable, ayant perdu son mari à la guerre, courtisé par un capitaine invalide, foncièrement lâche, qui tente de se racheter un temps mais finalement se soumet. Les pistes sont souvent brouillées en cette histoire d'amour à laquelle on croit un moment mais dont la mission compte avant tout et le fossé trop important. Tant d’éléments contribuent à donner un ton troublant à cette histoire magnifique, qui hante longtemps, tant il n’y a jamais de pathos ou de morale, ni de poncifs.
Ensuite, il y a la véritable histoire qui diffère un peu du film qu’il est bon à savoir. Le raid, parti du Canada tout proche a eu lieu à Saint-Albans, au Vermont, le 19 Octobre 1864, sous les ordres de Bennett H. Young, officier confédéré, ayant été fait prisonnier après la bataille de Salineville, qui avait mis fin au Raid de Morgan -campagne éclaire d’attaques à l’arrière des lignes ennemies du 26 Juin au 11 Juillet 1863- qui s’était évadé vers le Canada, et de retour au Sud, a proposé des raids pour constituer des fonds et forcer l'armée nordiste de dégager des troupes du Sud. Avec une troupe de 21 cavaliers, le braquage avait récolté un belle somme. Seul un citadin avait trouvé la mort et un autre blessé. Une partie de la ville devait être incendiée, mais les bouteilles de feu grégeois n'ont pas fonctionné, seulement un hangar a été détruit. Arrêtés au Canada, les soldats ont été très vite libérés car le pays étant neutre, ils ne pouvaient pas être extradés. A la fin de la guerre, Young fut exclu de l’amnistie et fut exilé en Europe où il fit des études universitaires. A son retour, il devint un éminent avocat. Loin d’être un esclavagiste, dans ses nombreuses œuvres, il fonda le premier orphelinat pour jeunes noirs à Louisville, une école pour aveugles, et fait beaucoup pour les pauvres.
Le casting est à la hauteur d’un tel chef d’œuvre. Ainsi, je découvre un acteur aussi brillant qu’un Van Heflin (Tomahawk) aux immenses talents qui mérite de revisiter sa carrière. En face, la belle Anne Bancroft -la Mrs Robinson dans The graduate- pleine de charme et dune intense émotion. Suivent une troupe composée des excellents Richard Boone et Lee Marvin, du jeune Tommy Rettig (La rivière sans retour) et Claude Akins, de Peter Graves, Douglas Spencer et Paul Cavanagh, de Will Wright, James Best, John Dierkes ou encore d’Helen Ford.