Pour son troisième long métrage, Martin Laroche aborde un thème peu abordé dans le cinéma et pourtant qui concerne des millions de femmes subissant l’une des pires barbaries qui leur soient faites dans tous ce que cela comporte de mutilation physique et de d’abaissement psychologique et morale.
Tout commence par un documentaire dans un reportage d’entreprise d’un parc d’attraction ambulant à la demande du patron à l’une des ses employée diplômée d’un cursus cinéma. La très belle jeune femme de vingt cinq ans, originaire d’Afrique, filme tout avec une caméra de la grande roue aux manèges pour enfants, des stands de tirs de fléchettes et de vente de glaces et barbes à papa, avec la présentation du personnel, et des questions diverses sur leurs emplois et expériences. Et puis rapidement, la tournure dérape sur des questions sexuelles de plus en plus crues, à se demander où elle veut en venir. La jeune femme semble perdre pied, de part un lourd secret quelle porte marqué au fer rouge dans son sexe, comme un appel à l’aide. Elle révèle alors avoir été excisée à quatre ans dans son pays d’origine, et toujours vierge, ne supportant plus de garder cette douleur dans sa chaire et dans son âme avec un besoin de secours pour franchir le pas vers une vie d’amour et de sensualité et dépasser tout ce qu’elle a subit et la martyrise.
L’intensité dramatique de cette trame arrive assez brutalement quand on s’y attend le moins, et porte une émotion intense d’autant plus forte que le sujet en est bouleversant. On pense inévitablement à Fleur du désert, en plus brutal par la description sordide de la violence faite aux petites filles par leurs mères et tantes, sans aucune raison d’être que le pouvoir des hommes sur le plaisir des femmes, sur leur identité et sa raison d’exister.
J’ai été très ému et bouleversé, tant le regard de la caméra en found footage intelligemment maniée, qui est celle de la conscience qui nous impose d’ouvrir grand les yeux et le cœur face à cette détresse.
Excellente interprétation de Marie-Evelyne Lessard, belle et terriblement émouvante, avec une telle force de conviction qu’elle en est marquante. Marc-André Brunet est émouvant, tout comme Normand Daoust terriblement impressionnant. La bien belle Stéphanie Dawson et Alexandre Dubois, Michel Vézina et Alexandre Castonguay configurent l’ambiance.