Une nouvelle fois, Benoît Mariage, qui m’avait impressionné avec Cowboy, récidive avec son style très personnel, pertinent et percutant, sur un ton dans une histoire aux confins d’un humour sordide et d’un désespoir placide qui émeut et nous touche avec une brutale délicatesse.
Un découvreur de talent dans le milieu du football, sur le déclin depuis un moment, travaille l’ancienne à la recherche de la pépite qu’il pourra revendre du fin fond de la Côte d’Ivoire à un club belge. Il tient enfin la perle rare avec un jeune qu’il ramène au plat pays. Ce qui ne se passe forcément avec facilité en Afrique, ne se passe pas plus facilement pour d’autres raisons en Europe. L’occasion, à travers le milieu du foot qui défraye régulièrement les chroniques, aurait pu l’être dans d’autres domaines pour relater la situation Nord/Sud. Sauf qu’il touche à un univers qui passionne les masses et qu’il est aussi plus visible, que celui des diplômés qui pourrait donner lieu à un excellent film également, ou pire encore avec la main d’œuvre pas chère totalement anonyme et exploitable et exploitée de tous bords.
En l’occurrence, c’est dans ce petit monde adulé, chargé de toutes les passions et de tous les espoirs que ce fixe cette trame, qui révèle bien des contrastes sociétales. J’ai aimé le traitement de ce sujet, qui mélange avec beaucoup d’aisance l’humour et la gravité, la tristesse avec une immense humanité. S’il y a une dualité des genres, elle n’en est pas pourtant manichéenne primaire donnant ainsi plus de force à la narration, sur une réalisation fluide et passionnée qui ne peut pas laisser indifférente.
Benoît Poelvoorde (Le grand méchant loup) est une fois de plus époustouflant entre ses excès insanes, et ses tendresses émouvantes. Marc Zinga (Je suis supporter du Standard) est très émouvant et marquant. De même la jolie Tatiana Rojo (L'élève Ducobu) est drôle et attendrissante, Tom Audenaert (Hasta la vista) est excellent, ainsi qu’Eric Larcin (Torpédo), Sibiri Tiémogo, Alice Hermance Gbongo et Franck Diabagaté.