Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
8 février 2014 6 08 /02 /février /2014 08:22

Décidément, dans cette belle Irlande, l’église a été un peu trop enfermée sur elle-même, dans une mysticité qui a laissé libre court à un mode moyenâgeux sidérant, en oubliant les préceptes même du christianisme mais pas le mercantilisme. Après les révélations par Peter Mullan des Magdalene homes dans The Magdalene sisters, Stephen Frears nous entraine dans une histoire terriblement émouvante et scandaleuse, avec cette adaptation du roman Philomena: The true story of a mother and the son she had to give away de Martin Sixsmith, basée sur une histoire véridique.

Un journaliste de la BBC, démissionné du gouvernement Blair, entreprend pour Philomena, des recherches sur son enfant qui lui a été enlevé cinquante ans plus tôt. A travers cette enquête, il découvre un univers et des pratiques au convent de Roscrea aux rigueurs dures avec de jeunes filles-mères, dont les enfants étaient purement et simplement vendus par le biais d’adoptions forcées, principalement à de riches américains, dont la célèbre actrice Jane Russel.

La narration nous amène progressivement, avec un recul sur les événements qui nous font passer par tous les strass des sentiments du rire aux larmes, de l’enthousiasme à l’abattement désespéré, de l’incrédulité à la colère, et de l’amertume à la compassion. D’autant plus malaisé que le conditionnement sur les thèmes du « péché » de chair et de la culpabilité sont d’une violence psychologique ayant permis un verrou moral de la part de toutes ces jeunes femmes, vivants avec ce terrible secret sur le cœur et la conscience, quand du côté des sœurs coupables, toutes aussi conditionnées n’en porte que l’allégresse du salut des âmes « damnées ». Petit anachronisme avec la sœur Hidegarde qui ne peut avoir vu le journaliste, car décédée en 1995 quand l’enquête commence en 2004.

J’ai beaucoup aimé cette dramatique, qui aborde sur différent tons les relations entre une ancienne infirmière avec peu de culture quelque peu méprisé par ce journaliste imbu de lui-même que les révélations de cette affaire vont rendre autant d’humilité que d’humanité. Ainsi, la réalisation nous offre des moments d’émotion, de colère et de tendresse, mais aussi beaucoup d’humour. Il faut avouer que l’interprétation est de grande qualité.

Judi Dench (L'importance d'être constant) est une fois de plus excellente, face à Steve Coogan (The trip) vraiment superbe. La belle Sophie Kennedy Clark (Nymphomaniac - Volume 1) comme Anna Maxwell Martin, joue avec conviction. Il en est de même de tous les intervenants, tel Peter Hermann (Casse tête chinois) et Michelle Fairley (Chatroom), Barbara Jefford (The deep blue sea) et Ruth McCabe, Mare Winningham (Blanche Neige) et Simone Lahbib, tout autant Kate Fleetwood (Harry Potter et les reliques de la mort) et Sean Mahon (Dark shadows) émouvant, Wunmi Mosaku (Womb), Sara Stewart (Sugar rush), et les enfants Tadhg Bowen et Saoirse Bowen.

Partager cet article
Repost0

commentaires