Le crocodile du Botswanga

Fabrice Eboué et Lionel Steketee nous ont concocté une bonne comédie hilarante sur un thème qui n’est pas sans nous rappeler Les rayures du zèbre avec plus de légèreté mais pas moins de force.

Un agent sportif et son jeune espoir de football, arrive au doux pays d’origine du joueur. Pays fictif qui est un assemblage de différents pays africains, à la dictature de sous fifres militaires manipulés par des consortiums étrangers pour mieux exploiter les richesses. Rengaine habituelle qu’il ne faut pas oublier, car ce sont des millions d’africains qui en pâtissent dans leur liberté et leur vie. C’est ici traité avec beaucoup d’humour potache, mais avec une subtilité mordante dans les dénonciations des protagonistes de tous bords et dont on pourrait facilement retrouver les personnages ayant existés ou encore au pouvoir sans que ce soit fortuit. Image classique de l’identité nationale d’un sport populaire, un tyran souhaite qu’une star locale du ballon rond vienne jouer dans l’équipe de son pays d’origine. Celui-ci n’étant venu que jeter les cendres de sa mère, entend bien retourner jouer en équipe de France. Tous les moyens seront bons pour tenter de le convaincre de rester au pays.

La réalisation est excellente, où la succession de gags est de qualité sans baisse de rythme ni vulgarité. C’est très drôle et bien vu. On peut regretter un certain machisme dans la vision des femmes qui sont toutes des putes quelque soit leur statut. Pour autant, je me suis bien amusé, tant personne n’est épargné dans l’humour sans cliché. Noirs et blancs, riches et pauvres, tous sont logés à ma même enseigne pour des portraits au vitriole dans une ambiance déjantée.

On retrouve le duo à succès de Case départ, Thomas Ngijol (La chance de ma vie) et Fabrice Eboué (Denis) absolument impayables, avec l’excellente Claudia Tagbo (Les seigneurs) et Ibrahim Koma (Gare du Nord) convaincant. J’adore Franck de la Personne (Case départ) qui est drôle, autant qu’Eriq Ebouaney (Or noir) et Etienne Chicot (Un plan parfait). La très jolie Hélène Kuhn ne passe pas inaperçu. Pascal Nzonzi (Paulette) et Marie-Philomène Nga (Cheba Louisa), comme la belle Tatiana Rojo (Les rayures du zèbre) et Issa Doumbia (Comme un chef) ou Tella Kpomahou (Silences d’Etat) et Amelle Chahbi (Joséphine) donnent dans la bonne humeur jouissive.