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13 mars 2014 4 13 /03 /mars /2014 16:19

Après avoir découvert Allan Dwan avec Quatre étranges cavaliers, j’ai été surpris par le changement de ton dans ce film et dans les interprètes choisis. La teneur du précédent était tellement courageuse dans son attaque frontale du maccarthysme, que je suis très étonné de voir un Ronald Reagan dans un premier rôle, quand ce réactionnaire était à la tête d’une commission de censure et de liste noire à la solde de McCarthy à l’encontre de ses collègues et amis sur qui il faisait subir une terrible pression et chasse aux sorcières.

Pourtant, l’histoire qui n’est pas un vrai western au sens strict, est savamment écrite sur des personnages souvent attendrissants. Dans une maison réputée chic, occupée par de belles jeunes filles à marier, quelques peu entraineuses sur des messieurs venus taquiner les cartes, écouter du piano et conter fleurette en commandant de bons Champagne. La maitresse des lieux, Duchesse, se verrait bien épouser le beau Tennessee, joueur professionnel, qui n’est pas très pressé de se faire passer la bague au doigt. Arrive Cowpoke, un grand naïf surgit de sa mine d’or qui lui sauve la vie. En retour, connaissant la jeune femme que le mineur est venu épouser, la chasse et lui évite une arnaque, qui sera mal comprise. Chassés croisés, poursuites et bagarres, meurtres et vols d’or vont se concilier avec des élans de solidarités et de sincères amitiés.

Plus que l’histoire, inspirée d’une nouvelle de Bret Harte, qui sans être inintéressante n’est pas non plus des plus transcendantes, c’est surtout l’ambiance et les relations humaines qui sont le plus à relever. Sur un ton léger mais sans être une comédie, c’est l’image inhabituelle de la ruée vers l’or, dans des décors rutilants, où sont donc évoqués des notions d’amour et d’amitié qui est le plus à même de découvrir le véritable intérêt. Jeux de séduction, où trahisons et déceptions, retrouvailles et fiançailles ponctuent les aléas passionnés des protagonistes.

La réalisation est maitrisée, sur une mise en scène efficace et sans temps mort, avec des cadrages larges dans les intérieurs ou les paysages, nous immergent totalement dans la trame. La part belle est surtout dans le relationnel que dans les actions, et donnent des personnages des caractères plus affirmé, tendre et émouvant.

John Payne (Quatre étranges cavaliers) est excellent de tension, de volonté et d’émotion. J’ignorais à quel point Ronald Reagan pouvait être à ce point très mauvais. La très belle Rhonda Fleming, est délicieusement émouvante, entourée de beautés telles Coleen Gray (Quand les tambours s'arrêteront) ou Angie Dickinson. Et puis les Anthony Caruso et Morris Ankrum, Leo Gordon et Chubby Johnson, Joe Devlin et Myron Healey, ou encore John Mansfield.

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commentaires

M
Je ne sais pas si Reagan a bien fait de se lancer en politique mais en tout cas c'était un très bon choix que d'arrêter le cinéma quand on le compare à la carrière de Payne.<br /> Par contre le film ne s'appelait pas plutôt Le bagarreur du Tenessee en français?
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B
Oui il a bien fait d'arrêter :)<br /> Pour le titre, merci pour l'info, il y a bien en effet un autre titre alternatif. J'ignore s'il s'agit comme souvent d'un changement à la suite de la sortie du dvd ou du titre québécois.
P
Quelques petites imprécisions si je puis me permettre: Reagan était démocrate à la base. Son anti-communisme l'a poussé à témoigné devant la commission McCarthy et il adhère finalement au parti républicain que dans les années 60. Il n'est donc pas nécessairement étonnant de le voir dans un film de Dwan de 1955 il me semble. D'autant que le bonhomme est président du syndicat des acteurs. Il jouit donc aussi probablement de pas mal d'amitiés dans le milieu du cinéma. Après, c'est clair qu'il est bien fade par rapport à un John Payne qui m'impressionne de plus en plus de film en film (et qui était lui pour le coup un fervent républicain!). Après, je trouve à l'inverse de toi que c'est un vrai western et non un western détourné comme peut l'être &quot;Le gentilhomme de la Louisiane&quot; découvert dernièrement. C'est une histoire d'amitié virile au fond entre deux solitaires/individualistes que rien ne semblaient pouvoir changer. C'est somme toute un thème profondément ancré dans le genre du western, de &quot;Règlement de comptes à OK Corral&quot; aux &quot;Deux cavaliers&quot;. Mais en matière d'amitié, il m'a surtout fait penser au &quot;Jardin du diable&quot; où Widmark joue un étonnant sidekick au côté de Gary Cooper. Voilà pour moi sur le contexte. Ensuite, s'agissant du film, on peut lui reprocher un relatif manque d'action. Dwan était le roi des films à petits budgets et à la durée courte. Perso, je trouve ce film plutôt plaisant. Je lui aurais sans doute mis une étoile de plus...
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P
Je suis d'accord sur le fait que Reagan n'était pas un bon acteur. Son passage du côté républicain de la force n'a pas été un cas isolé. Pas mal de personnalités de Hollywood ont a ce moment là quitté également les démocrates, surtout par peur du communisme et par peur de voir l'administration kennedy ralentir la course aux armements et déserter le Viet Nam. Parmi elles, on peut citer les Glen Ford, les Charlton Heston, ou encore Sinatra...
B
Merci pour toutes ces précisions et ton point de vu.<br /> Oui le film est plaisant et agréable, et c'est parce que j'ai en tête de faire le parallèle avec Le gentilhomme de la Louisiane dans mon futur article que je lui ai trouvé une ambiance similaire qui me fait penser comme Autant en emporte le vent, à une autre forme de western.<br /> Reagan démocrate avait en en effet bien changé :) ce qui n'a pas empêché nombre de démocrates de faire de la délation. Il reste un très mauvais acteur qui explique aussi peut-être son désir de casser des carrières...<br /> Entièrement d'accord avec toi, John Payne est excellent et à redécouvrir.