Après avoir découvert Allan Dwan avec Quatre étranges cavaliers, j’ai été surpris par le changement de ton dans ce film et dans les interprètes choisis. La teneur du précédent était tellement courageuse dans son attaque frontale du maccarthysme, que je suis très étonné de voir un Ronald Reagan dans un premier rôle, quand ce réactionnaire était à la tête d’une commission de censure et de liste noire à la solde de McCarthy à l’encontre de ses collègues et amis sur qui il faisait subir une terrible pression et chasse aux sorcières.
Pourtant, l’histoire qui n’est pas un vrai western au sens strict, est savamment écrite sur des personnages souvent attendrissants. Dans une maison réputée chic, occupée par de belles jeunes filles à marier, quelques peu entraineuses sur des messieurs venus taquiner les cartes, écouter du piano et conter fleurette en commandant de bons Champagne. La maitresse des lieux, Duchesse, se verrait bien épouser le beau Tennessee, joueur professionnel, qui n’est pas très pressé de se faire passer la bague au doigt. Arrive Cowpoke, un grand naïf surgit de sa mine d’or qui lui sauve la vie. En retour, connaissant la jeune femme que le mineur est venu épouser, la chasse et lui évite une arnaque, qui sera mal comprise. Chassés croisés, poursuites et bagarres, meurtres et vols d’or vont se concilier avec des élans de solidarités et de sincères amitiés.
Plus que l’histoire, inspirée d’une nouvelle de Bret Harte, qui sans être inintéressante n’est pas non plus des plus transcendantes, c’est surtout l’ambiance et les relations humaines qui sont le plus à relever. Sur un ton léger mais sans être une comédie, c’est l’image inhabituelle de la ruée vers l’or, dans des décors rutilants, où sont donc évoqués des notions d’amour et d’amitié qui est le plus à même de découvrir le véritable intérêt. Jeux de séduction, où trahisons et déceptions, retrouvailles et fiançailles ponctuent les aléas passionnés des protagonistes.
La réalisation est maitrisée, sur une mise en scène efficace et sans temps mort, avec des cadrages larges dans les intérieurs ou les paysages, nous immergent totalement dans la trame. La part belle est surtout dans le relationnel que dans les actions, et donnent des personnages des caractères plus affirmé, tendre et émouvant.
John Payne (Quatre étranges cavaliers) est excellent de tension, de volonté et d’émotion. J’ignorais à quel point Ronald Reagan pouvait être à ce point très mauvais. La très belle Rhonda Fleming, est délicieusement émouvante, entourée de beautés telles Coleen Gray (Quand les tambours s'arrêteront) ou Angie Dickinson. Et puis les Anthony Caruso et Morris Ankrum, Leo Gordon et Chubby Johnson, Joe Devlin et Myron Healey, ou encore John Mansfield.