Ayant cédé à la tentation trop forte dans l’achat d’un coffret en bluray, tant l'envie de retrouver ma belle Marilyn était irrépréssible, j’ai redécouvert ce magnifique classique de Billy Wilder (Fedora) avec le même et immense plaisir que ressenti dans mon enfance, sur une comédie qui était déjà osée pour 1950.
Le Chicago de 1929, est la période de la prohibition et de juteux marchés de trafic d’alcool, de jeux et des soirées dansantes. C’est aussi la guerre entre mafieux. Deux musiciens sont malencontreusement témoins d’un règlement de compte meurtrier, et cherchent à fuir leurs poursuivants. Ils trouvent in extremis un contrat pour une tournée musicale dans une troupe, mais composée exclusivement de femmes, qu’ils intègrent en travestis. L’un va tomber éperdument amoureux de la belle Sugar, quand l’autre se fait draguer par un vieux riche millionnaire. Les voilà partis dans des quiproquos impossibles, tant pour arriver à séduire la belle, que pour dissuader les ardeurs intempestives du vieux riche, avec les mafieux pas très loin.
L’histoire est délicieusement drôle à souhait, mais également osé en abordant discrètement avec humour et subtilité, sous le travestissement le thème de l’homosexualité dans une époque peu tolérante sur ce sujet. C’est à tel point qu’un Franck Sinatra pressenti pour l’un des deux rôles, avait violemment
refusé (sic !) qui dénotait son étroitesse d'esprit réac. Pourtant les gags et répliques sont excellemment savoureux, bien que je les connaissais pratiquement par cœur, ils m’ont encore enthousiasmé avec autant de joie et de bonnes surprises. J’ai encore plus adoré les situations confusément détournées, faussement naïves, et filmé avec un regard malicieux à souhait. Le choix du noir et blanc, permettait de se replonger dans l’époque, mais aussi le rendu du maquillage des acteurs donnait un teint verdâtre dans une version couleur peu adaptée. Les chansons sont évidemment de la partie pour réveiller des désirs et fantasmes de ma poupoupidou de Marylin qui l’a chante avec délice, absolument divine.
Je me suis donc beaucoup amusé à suivre les circonvolutions d’une trame bourré d’humour et d’émotion, où la mort et la violence n’est pas exempte du rire qui recadre une époque. La mise en scène est vive au point de ne pas tomber dans le piège des longues courses poursuites qui sont courtes et alternées.
Face au succès du film, il a été adapté en comédie musicale sous le titre Sugar. Pourtant, ce film est issu d’un long prolongement. En fait, c’est un remake d’un film allemand sorti en 1951, Fanfaren der liebe avec Dieter Borsche, Inge Egger et Grethe Weiser, réalisé par Kurt Hoffmann, écrit par Michael Logan qu'il a lui-même réadapté pour la version américaine, avec quelques changements. Mais c’était également un remake d’un film français réalisé par Richard Pottier en 1935, Fanfare d'amour d’après un scénario de Robert Thoeren et déjà Michael Logan avec Julien Carette, Betty Stockfeld, Gaby Basset.
Bien que souvent en retard, et du refaire de nombreuses reprises, Marilyn Monroe (La rivière sans retour) est absolument délicieuse de tendresse, de beauté, de fragilité qu’on voudrait la prendre dans ses bras, joue et chante avec envoutement et talent. Face à Tony Curtis (Une vierge sur canapé) excellentissime, et un Jack Lemmon (L’enfer des tropiques) phénoménalement génial, les George Raft et Joe E. Brown, Nehemiah Persoff et Joan Shawlee, sont irrésistibles.