Avec cette histoire sombre et très poignante, Henry King nous offrait un western sortant des codes du genre dont la notion des héros tels qu’ils nous étaient souvent présenté avec tous les l’honneurs.
Jimmy Ringo, un roi du colt, devenu légendaire au même titre que des Wild Bill Hickok, de plus rapide tireur de l'ouest, se rend dans une petite ville de Cayenne afin de retrouver sa femme et son fils de huit ans qu’il n’a jamais connu. Il espère obtenir le pardon de son épouse et se réconcilier et la convaincre de repartir avec lui pour une nouvelle vie. Mais avec sa réputation, la ville est en émoi, et attire le moindre petit roquet peu intimidé par son apparence tellement normal, pour tenter sa chance en duel mortel. Le film est absolument magnifique par la montée en puissance des événements qui se précipitent entre l’attente insoutenable de Jimmy qui sait qu’il ne doit pas s’éterniser mais que son amour chargé d’espoir de retrouver sa femme et de connaitre son fils, retient plus qu’il ne faut au péril de sa vie. Une vison nouvelle est apportée dans le profils du personnage, plein de remords et de regrets sur sa vie, qui l’a mené à tuer douze hommes en combats régulier, en retirant la peur d’être à son tour le trophée d’un prochain meilleur tireur de l’Ouest, sans y avoir rien gagner. Ce n’est plus un héro à admirer, mais un homme traqué, peu recommandable, plus proche d’un assassin que d’un homme de bien. Le pessimisme qui règne dans une ambiance lourde chargée d’angoisse, équivaut en un thriller westernien de haute volée.
La mise en scène dramatique à souhait est magnifique, nous entrainant dans la dualité d’espérance qu’il s’en sorte, et la crainte d’un carnage, qui dans tous les cas se révèle une injustice pour tous. Le noir et blanc est superbe, avec un jeu de caméra à la théâtralité accentué pas la quasi absence de musique, fait rare pour être remarqué. Jamais le regard de la caméra ne juge quiconque mais qu’il nous ouvre les yeux sur les défauts d’une époque et de héros qui n’en sont pas. Le profil de chaque personnage est dense, volontaire et attachant. Nous sommes loin de Le Train sifflera trois fois, dont la philosophie est à son opposé. Une véritable perfection qui frise le chef d’œuvre de par un script parfaitement écrit, sur une réalisation totalement maitrisée dans un décors parfait.
A cela ce rajoute le talent porté par des interprètes de Gregory Peck (Le dernier rivage) que j’adore, est magistralement grandiose, d’émotion et de conviction. La bien jolie Helen Westcott est excellente, comme Millard Mitchell et la toute aussi jolie Jean Parker, quand Karl Malden est superbe, quand Skip Homeier est absolument brillant. Anthony Ross, l’excellente Verna Felton, comme Ellen Corby et Richard Jaeckel et encore le gamin B.G. Norman contriubent avec succès à la qualité générale.