Sans laisser insensible, le film de François Dupeyron nous plonge dans une sorte de poésie sombre, parfois malaisée, mais aussi envoutante que possible.
Dans un milieu quelque peu défavorisé, au cœur d’un camp de bungalows, Frédi se sent perdu depuis la mort de sa mère, dont il semble avoir hérité le don de magnétiseur / guérisseur, dont il ne sait trop quoi en faire comme de sa vie. Pourtant, au contact de malades, il semble parfois faire du bien, et après avoir refusé ce pouvoir, l’accepte avec fatalité. Bientôt, il rencontre Nina, une femme perdue tout comme lui, qui traine son désespoir dans l’alcoolisme douloureux. Amoureux, il tente de l’aider, s’en raccrochant comme d’une bouée salutaire.
L’histoire est joliment contée, avec beaucoup d’humanité et de tendresse, sur des personnages aux profils souvent attachants, et tous aussi paumés. La jolie voisine dont le connard de compagnon la trompe, le père veuf et récemment licencié, l’accident de moto qui plonge un enfant dans un coma aux séquelles gravissimes, la gamine qui pleure sans cesse de mal être, sont un ensemble d’histoires qui sans être des plus joyeuses, ne sont pas non plus morfondantes. Rien de morose, rien de bien drôle, mais il règne sans cesse un positivisme de bon aloi que j’ai bien aimé. Chacun tente de survivre comme il peut aux vicissitudes de la vie, que nous connaissons forcément dans nos vécus à des degrés divers.
La réalisation est belle, avec des images toujours neutres, sans s’immiscer plus qu’il n’en faut dans l’intimité de chacun, sans jamais porter de jugement, ni apitoiement larmoyant. Juste des constats et des instantanés d’un moment, avant de repartir de l’avant. Les dialogues sont sobres et épurés, se passant d’explications inutiles, nous laissant maître de nos impressions et émotions.
Grégory Gadebois (Pop redemption) est une fois de plus excellent, de même Céline Sallette (Un château en Italie) est émouvante, comme Jean-Pierre Darroussin (Le cœur des hommes 3) très touchant. Marie Payen (Lulu femme nue) est marquante, autant que la jeune Mélody Soudier très touchante, alors que Philippe Rebbot (Week-ends) est bien marqué,. Comme Stéphan Wojtowicz (11.6) et Agathe Dronne (Les reines du ring), Nathalie Boutefeu (Polisse), Marie Gili-Pierre (Renoir) et Marilyne Geisler sont très convaincantes.