Pour son film vampirique, Jim Jarmusch s’est inspiré du roman Journal d'Adam et journal d'Eve de Mark Twain, dans lequel se retrouvent nombre de références bibliques et littéraires dans un style épuré, envoutant et d’un humour croustillant dont il faut percer les sens et la teinte résolument british et totalement romantique.
Si le début met un peu de temps à se mettre en route, où j’ai eu du mal à trouver mes repères et comprendre le ton de la trame, ensuite, tout est allé avec plaisir. En effet, comment trouver l’humour britannique dans une histoire de vampire, sinon qu’en décryptant les codes qui pourtant sont ceux du plus classique, mais qu’avec le recul donne la teinte de la comédie douce amère et pince sans rire. C’est surtout avec l’arrivée de la déjantée sœurette que tout prend son sens, tant dans le délire que dans l’intérêt relancé. Donc, Adam vit à Detroit en célibataire bien sage, se nourrissant de poches de sang, musicien, collectionneur de guitares superbes dans une vie monacale recluse. L’amour de sa vie depuis des siècles est Eve qui vit nonchalamment à Tanger d’une vie tout aussi ascétique vivant des mêmes expédients, quand elle vient le retrouver par le premier avion de nuit… of course ! Amour qui se partage les dons sanguins achetés à prix d’or -dont on peut se demander d’où ils ont cette fortune- vivant languissamment de musique et ressassant un long passé sans vague, quand arrive inopinément Eva la petite sœurette. Retrouvailles qui fait office d’une Lilith mais attachante malgré ses excès… sanglants et mettant une vie pépère tranquille en danger.
La tonalité est originale pour aborder le thème largement usité des oiseaux de nuit bouffeurs de sang dans une poésie nonchalante et sordide, au son d’une musique envoutante qui plane sur un rythme lent et doucereux. Il ne s’y passe pas grand-chose et pourtant jamais on ne s’ennuie, envouté par une ambiance et des décors bien que sombres sont lumineux, mais aussi avec des protagonistes qui seraient presque sympathique s’ils n’étaient pas ces prédateurs. Des références et symboliques abondent et parsèment cette originale histoire qui hante longtemps.
Tom Hiddleston (Thor : le monde des ténèbres) est étrangement excellent, de même que Tilda Swinton (The grand Budapest hotel) étonnante et marquante comme jamais. Mia Wasikowska (Stoker) est drôle et dangereuse, John Hurt (Snowpiercer, le transperceneige), Anton Yelchin (Star Trek into darkness), Jeffrey Wright (Hunger games - l'embrasement), Slimane Dazi (Les hommes libres), La jolie chanteuse Yasmine Hamdan joue et chante de sa voix mélodieuse en envoutante.