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23 avril 2014 3 23 /04 /avril /2014 15:13

Avec cette adaptation d'une nouvelle de Stefan Zweig, Le voyage dans le passé, Patrice Leconte a quelque peu galvaudé l’œuvre, pour l’édulcorer en une banale et insignifiante histoire d’amour entre un pauvre et une riche hors contexte historique pourtant crucial, surtout avec les cent ans de la première guerre mondiale. Ce qui donnait un aspect autrement plus passionné et dramatique à la trame d’origine. La fin est toute aussi tristement conventionnelle qu’hollywoodienne sans âme ni saveur. Un bon plantage sans grand intérêt.

Donc, en 1912, un jeune ingénieur est embauché dans une entreprise sidérurgique. Très vite il se fait remarquer par le patron qui l’associe au plus près avec sa très jeune femme et son jeune fils. Un amour sourd et secret nait entre eux. Lorsqu’il est promu pour deux ans dans un poste au Mexique, éperdue d’émotion, elle lui avoue son amour et promet de l’attendre.

Vous l’avez deviné, la guerre va éclater et l’attente durera beaucoup plus longtemps. Si la réalisation est classiquement potable, elle ne dégage pourtant pas d’enthousiasme passionné auquel on serait en droit d’attendre. Peu d’émotion, sauf de la jeune femme lorsqu’elle apprend qu’il va partir. Peu d’envolée lyrique, pas ou peu de sensibilité. J’ai attendu vainement de la vie fougueuse, de l’ambiance, de la chaleur et des crispations. Il n’y en a que furtivement avec la gentille blanchisseuse qui émeut par sa chaleureuse passion amoureuse sans retour, avec sa peine et sa colère. Pour le principal, il ne reste rien qu’un calme plat. J’ai attendu vainement quelque chose qui n’est jamais venu dans la magie de l’espérance et de la souffrance que provoque l’amour, avec ses joies et ses déceptions.

Est-ce que Patrice Leconte a déjà été amoureux dans sa vie ? A-t-il été réellement passionné par cette triste nouvelle ? Car dans le texte d’origine, la sorte de Bel ami très ambitieux, épris de la jeune femme qui est éperdument amoureuse de lui, promet de l’attendre. La guerre éclate et les quelques semaines de séparation deviennent des années. Elle devient veuve et l’attend toujours. Quand il la retrouve à la fin de la guerre, il s’est marié entre temps. L’amour et la passion se sont éteints. C’est sombre comme toujours avec le pessimisme de Zweig, mais c’est beau, c’est fort et dramatiquement marquant.

Sans vouloir jouer les puristes rabat joie, pour un film français qui conte une histoire en Allemagne, j’aurai préféré que ce fût joué dans la langue de Wagner, comme ma déception dans le cas des 47 ronin. Il semble que le réalisateur ait eu la trouille ou un sens du marché américain...

Dommage aussi, parce que le casting est assez inégale. Autant Rebecca Hall (Lady Vegas) joue juste avec beaucoup d’émotion et de passion, tout comme Alan Rickman (Le majordome) excellent, je n’ai rien ressenti de la part d’un Richard Madden (Chatroom) trop lisse et timoré, un peu à côté de la plaque. Toby Murray passe bien, tout comme Maggie Steed, mais c’est Shannon Tarbet qui est celle qui m’a fait la plus grande impression par son jeu puissant. Jean-Louis Sbille (Avant l’hiver) et Christelle Cornil (De toutes nos forces) tirent leur épingle du jeu avec sobriété et efficacité.

 

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