Bonne petite séance de rattrapage avec cet excellent deuxième long métrage de Katell Quillévéré après Un poison violent, que j'avais raté à sa sortie, et qui nous entraine dans une sombre fuite en avant destructrice, avec une vision innovante et originale.
Tranche de vie d’une jeune femme vers des dérives amoureuses aux lourdes conséquences. Suzanne vit en symbiose avec sa sœur qu’elle adore, et son père chauffeur routier, jeune veuf qui s’occupe de ses gamines avec beaucoup d’amour et de gentillesse. Les années passent, elle devient une jeune maman de dix sept ans dont elle s‘occupe du gamin avec tendresse. Et puis l’amour lui tombe dessus pour un jeune délinquant qui l’embarque dans une spirale infernale qui détruit toute sa vie, et dont elle mettra beaucoup de temps et de sacrifice à remonter la pente.
Très belle réalisation, filmée par à coup, sans jamais montrer le côté sombre de la jeune femme, mais avec la vue de ses proches, sa sœur, son père et son gamin. Toute la souffrance de l’angoisse et de l’inquiétude qu’elle leur fait endurer. Ses années de prisons, ces vies gâchées et ce, sans jamais porter le moindre jugement, gardant un regard toujours neutre, relevant les moments cruciaux d’émotions. J’ai aimé la narration et la mise en scène qui nous évitent les virés de
délinquances et de prisons, pour ce concentrer sur les effets des ces actions perdues, passant l’inutilité des explications pour marquer les révélations avec force. Cela nous change des films qui axent sur les cavales et braquages en oubliant les compagnes de ces truands et le calvaire des familles qui vivent dans la peur, la honte et l'incompréhension. J’ai été envouté par les images, son rythme et cette atmosphère particulière qui plongent la famille déjà cruellement marquée par la mort de la mère, dont l’importance de la tombe est le point de connexion familiale si chargée d’émotion.
Et puis, le jeu des interprètes, telle Sara Forestier (Une nuit) qui est absolument fabuleuse, prouvant une fois de plus son immense talent, face à François Damiens (Je fais le mort) terriblement puissant, et la belle Adèle Haenel (Alyah) époustouflante d’émotion. Corinne Masiero (Lulu femme nue) est marquante encore, quand Paul Hamy l’est un peu moins. Anne Le Ny (Attila Marcel), comme Lola Dueñas (Les amants passagers) et Karim Leklou (Grand central) sont parfaits. Et puis les enfants, comme les gamines Fanie Zanini (L'homme qui rit) et Apollonia Luisetti (Possessions) qui sont excellentes d’émotion, et Timothé Vom Dorp, Maxim Driesen (Elle s'appelait Sarah) et Jaime da Cunha, qui nous font passer le gamin aux divers stades de son enfance avec beaucoup de conviction.