Film très sombre de David Gordon Green (Baby-sitter malgré lui), qui a adapté le roman de Larry Brown, qui s’était lui-même inspiré de personnes réelles de ses connaissances, sur un milieu pas seulement défavorisé, plongé dans l’abrutissement violente de l’alcool, mais une plongée dans un gouffre misérable de la société américaine.
Le récit relate la vie de Joe Ransom, ex-taulard et patron de bûcherons, qui noie son passé dans l’alcool, et qui tissent des liens avec Gary, un adolescent de 15 ans qu’il embauche dans son équipe. Joe tente de racheter son passé, en donnant à ce gamin une chance de se sortir des griffes d’un père alcoolique violent, en devenant une sorte de père de substitution. Pourtant, se pose pour lui bien des dilemmes face aux choix cornéliens qui se dressent devant lui, entre sauver son âme en perdant ce qu’il s’est construit, ou celle du jeune homme dans lequel il se retrouve.
La trame est excellemment contée, avec peu de dialogue, beaucoup de regard et le recul nécessaire pour nous laisser appréhender l’ensemble de l’ambiance et des profils. Avec un léché d’image et une musique envoutante, nous découvrons un univers sombre, violent, embué d’alcool dans une fange sordide d’humanité qui a perdu tout ses repères. J’ai beaucoup aimé le déambulement qui semble aléatoire du parcours des protagonistes dans cet arcanne sans porte de sortie, et qui tout logiquement se retrouve dans une configuration inexorable. J’avoue avoir été choqué par l’empoisonnement des arbres avant leur abatage. J’ignore s’il s’agit d’une pratique légale, ou même de sa réalité, et n’en voit pas son utilité. On comprend bien la symbolique entre les arbres empoisonnés du début et les jeunes pousses replanter de la fin, illustrant l'âme humaine.
Depuis peu, on retrouve enfin le grand Nicolas Cage (Suspect) de talent, de force et d’émotion, face au jeune Tye Sheridan (Mud) qui s’affirme de plus en plus avec puissance. De même Adriene Mishler est excellente, quand Ronnie Gene Blevins (7 psychopathes) est une fois de plus effrayant. Tout comme Heather Kafka (Les amants du Texas) et Sue Rock. Gary Poulter, véritable vagabond de rue, joue quasiment son propre personnage, est décédé avant le bouclage du film. Enfin, Aaron Spivey-Sorrells est marquant.