Excellent et unique film musical d’Howard Hawks (Seuls les anges ont des ailes) qui s’était inspiré de la comédie musicale de Broadway, par ailleurs osée pour l'époque, car abordant deux thèmes plutôt tabous, tels que le sexe et l'argent, avec une telle désinvolture sans complexe quasi revendicatif, et un humour dévastateur. Il s’agissait d’une adaptation d’un roman d’Anita Loos de 1925 Gentlemen prefer blondes: the intimate diary of a professional lady, qui fut déjà réalisé pour le grand écran en muet en 1928 par Malcolm St. Clair avec Ruth Taylor et Alice White, film aujourd’hui disparu.
Deux belles et jeunes chanteuses de revues, une blonde et une brune toujours unies et complices, rêvent d'amour et de succès, dans une vision totalement opposée. Lorelei Lee et Dorothy Shaw sont des contraires qui pourtant se soutiennent. La blonde cruche et naïve, n'est attirée que par les hommes riches et pétille pour les diamants, quand la brune au caractère bien trempé, ne tombe amoureuse que d'hommes honnêtes et jamais fortunés. Elles partent en croisière pour la France aux frais du Gus Esmond, le fiancé richissime de Lorelei, espionnée de très près par Malone, un beau et séducteur détective privé, chargé de faire capoter le futur mariage. La traversée, comme le séjour parisien sera l’occasion d’aventures burlesques, de quiproquos et de jeu du chat et de la souri amoureux entre les quatre protagonistes.
Si l’on retrouve le thème de la vénalité et de l’amour commun avec Comment épouser un millionnaire, il y a cette une dimension supplémentaire, et pas des moindres, dans le rapport avec le sexe. Bien entendu, tout de bien suggéré en sous entendu, mais surtout par les danses et les chansons. Une différence de taille à relever aussi, je n’ai pas trouvé de violent machisme flagrant, et une vision somme toute naturelle dans les rapports amoureux et les désirs de trouver un bon parti entre amour et argent. La réalisation et très belles, aux riches couleurs et lumières, les décors et costumes de toute beauté, sur une mise en scène vive et
alerte. J’ai adoré l’humour provocateur des filles, leur convictions à toute épreuve qui frisent parfois une affirmation toute féministe face à une gente masculine soumise à leurs pieds. Les chansons raisonnent depuis la nuit des temps dans nos mémoires avec une rythmique joyeuse qui donne envie de danser et sourire. Pour le coup, je trouve une très grande modernité, quand bien même certains détails seraient désuets. On pourrait refaire ce film de nos jours ou dans le futur en science fiction avec la même dynamique sur les relations humaines et amoureuses. La romancière avait écrit une suite, Les hommes épousent les brunes (Gentlemen marry brunettes) réalisée par Richard Sale sorti en 1955 et dans laquelle joue Jane Russell et Jeanne Crain.
On ne pouvait pas rêver mieux que les très belles Jane Russell et Marilyn Monroe (Comment épouser un millionnaire) qui jouent, dansent et chantent avec beaucoup de conviction, d’humour et de sex appeal. Charles Coburn (Le ciel peut attendre), comme Tommy Noonan (Les inconnus dans la ville) sont excellents. Il en est de même des Elliott Reid et George Winslow, Marcel Dalio et Taylor Holmes (Boomerang) ou encore de Norma Varden.