S’il faut bien convenir que le film de Philippe de Chauveron (Les vacances de Ducobu) ne s’en sort pas trop mal sur un sujet aussi délicat, ce n’est pas sans tomber dans les pièges des clichés, quand il est censé s’en moquer de toute part.
Quatre filles, blanches, riches et catholiques épousent quatre garçons d’ethnies et de religions différentes. Les parents doivent faire face à une situation à laquelle ils n’étaient pas préparés, et qui chamboule leur schéma familiale. Entre les gendres et leurs familles, aux relations maladroites, s'ajoute pour la petite dernière, une belle-famille africaine tout aussi désorientée, qui donne lieu à des réactions conflictuelles diverses qui mettent en danger un ultime mariage champêtre, mais aussi le prétexte à des prises de conscience.
Au premier degré, c’est évidemment drôle, tant les gags tarte à la crème et les répliques bien lourdes et beaufs de la famille Groseille sur les poncifs, sont mis en exergue. Film à sketchs, amusant donc, bien que peu subtile. Quand la seconde lecture, l'est moins, dérangeante, et permissive. Car dans tous les films qui traite de racisme par quelque prétexte que ce soit, mariage mixe, esclavage et j’en passe, la cible privilégiée est toujours la même, en faisant un responsable sans réplique sous peine d’être taxé de toute part. Toujours les mêmes qui doivent supporter les conversions, accepter les mutilations sexuelles, et est le salaud idéal. De fait, se créé un autre racisme. Pourtant, il n’est qu’à regarder autour de nous, le métissage est d'une telle présence que ce genre de reproche ne trouve pas sa réelle justification. Quitte à rire, pourquoi ne pas avoir pris une famille africaine de confession musulmane, dont les quatre filles épouseraient des hommes d’autres ethnies avec des conversions diverses ? Beaucoup moins drôle serait leur sort. Ainsi, le politiquement correct de la pensée unique trouve ses limites dans l'humour et sa démonstration, qui pourtant serait salutaire et bien plus dénonciatrice des pratiques beaucoup plus condamnables.
La réalisation est simple, d’inégale qualité, avec des successions de scènes à gags, et quelques baisses de régimes et longueurs qui cassent le rythme. On peut regretter l’emploi de trop d’acteur de on-man-show, récurent dans le cinéma comique, qui n'est pas synonyme de bon acteur.
Si Christian Clavier (Les profs) arrive à nous dérider facilement, bien qu’un peu trop sur le même registre depuis des siècles, Chantal Lauby (Grand départ) sort un bien meilleur jeu entre humour et émotion. Ary Abittan (La grande boucle) comme Medi Sadoun (Les kaïra) et Noom Diawara ne sont définitivement pas bon. Frédéric Chau (Paris à tout prix) est drôle et s’en sort bien. Les filles sont beaucoup mieux, comme la très belle Elodie Fontan, tout autant que Frédérique Bel (Hôtel Normandy) et Julia Piaton (Mince alors !), Emilie Caen (La clinique de l'amour !) et Tatiana Rojo (Le crocodile du Botswanga) sont pleines de charme et de talent. Pascal N'Zonzi (Paulette) est très drôle et efficace, de même que Salimata Kamate (Intouchables) impayable.