Première réalisation au grand écran du célèbre roman de Jane Austen, d’après une remarquable adaptation d’Emma Thompson qui rend un très bel hommage au texte d’origine qu’il ne fallait en aucun cas rater, aux dires des fans de l’auteure, et magnifiquement réalisé par Ang Lee (L'odyssée de Pi) avec sa touche toute de sensibilité.
A la mort du père, l’héritage revient naturellement au fils, qui de Londres vient s’installer au domaine familiale avec son irascible femme, auprès de sa belle-mère et des trois demi-sœurs réduites à la quasi pauvreté. S’imposant de telle manière qu’ils en rendent la cohabitation impossible, ils poussent les femmes à trouver un autre hébergement. Le temps cependant d’un coup de foudre pour deux des filles. L’ainée, Elinor avec le frère de sa belle-sœur, et la cadette, Marianne qui est courtisée par un riche et mélancolique voisin, mais s’éprend d’amour pour un jeune et beau courtisant. Loin de toute vie passionnante, le quotidien se passe dans l’attente de nouvelles de leurs amoureux, entre quiproquos et potins, des angoisses et déceptions, déroutent et peinent les jeunes femmes, qui doivent composer entre la raison et les sentiments qui ne font pas forcément bon ménage ni grand bonheur.
Pour décrire le monde de Jane Austen, il y a incontestablement beaucoup mieux placé que moi, aussi je ne m’y hasarderai pas. Simplement, je ne peux qu’exprimer un ressenti personnel sur une réalisation, une trame et une ambiance qui m’ont subjugués. Il règne en permanence une critique satyrique de la société d’alors, des rapports entre classes et d’éducation, avec beaucoup d’émotion mais surtout de l’humour et de subtilité. De fait, je me suis beaucoup amusé à suivre les péripéties de tout un monde, qui somme toute n’a rien à faire que se caser à de meilleur parti. Car, il est à remarquer, même des plus indigents de tous, aucun d’eux ne travaille, ni se soucis de leur prochain. Nombrilisme à toute épreuve, seul leur petit confort et le battement de leur petit cœur égoïste, n’attende de la vie qu’une belle histoire d’amour et d’argent.
Néanmoins, la réalisation est superbe, avec des décors et des costumes d’époque qui restituent admirablement le cadre de vie, dans un quotidien et des mentalités au diapason de ce que nous pouvons connaître aujourd'hui dans les relations humaines, de même loin de cette sphère. La qualité visuelle, la mise en scène et l’interprétation donnent une raisonnante flamboyante à un récit chargé d’émotion dans une intensité dramatique que la subtilité toute british édulcore autant que possible avec une virulence décapante du tonnerre.
Ainsi, la belle Emma Thompson (Sublimes créatures) est absolument délicieuse de retenue et de charme, quand Kate Winslet (Divergente) est d’une intense émotion extravertie, qu’elle en est lumineuse. Le beau et séduisant Hugh Grant (Cloud Atlas) est génialissime de subtilité et d’humour, alors qu’Alan Rickman (Une promesse) dégage une aura tellement forte qu’il en est impressionnant. La jeune Emilie François était marquante de spontanéité, devenue depuis une stupéfiante militante islamiste salafiste active. Harriet Walter (Un mariage inoubliable) et Gemma Jones (Oh my God !), de même Greg Wise et James Fleet, Imogen Stubbs et Hugh Laurie, Imelda Staunton (Du bout des doigts) et l’excellent Tom Wilkinson (The grand Budapest hotel), ou encore Elizabeth Spriggs, Robert Hardy et Richard Lumsden (Sugar rush).