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1 mai 2014 4 01 /05 /mai /2014 08:43

Deuxième long métrage de la réalisatrice Shin Su-won qui nous emmène au cœur d’un système scolaire particulièrement épouvantable en Corée du Sud au travers d’un thriller policier sans concession qui nous révèle un univers de compétition et de ségrégation impitoyable qui fait froid dans le dos tant dans ce pays comme certainement dans le monde.

A la découverte du corps d’un jeune et brillant lycéen au sein d’une école d’élite, l’enquête policière remonte le fil du temps dans un établissement où la compétition pour être aux meilleures places peut aller aux pires extrémités. Les soupçons se portent sur des camarades de la victime, dont il fait aussi parti d’un petit cercle très fermé de concurrents pour l’examen final, le trop fameux Suneung. Ainsi, se dévoilent des castes, des influences, complots et tricheries, silences et atrocités dont le seul but est d'être dans le haut du tableau qui évolue à chaque devoir noté amplifiant d'autant plus les rivalités et les efforts à fournir en études et coups bas sans merci.

En Corée du Sud, le Suneung est le nom d’un examen obligatoire pour l’entrée en université, dont le classement national offre l’accès aux meilleures universités. Plus qu’un diplôme, c’est surtout une valeur sociale qui détermine une vie entière, tant en mariages, postes à salaires élevés et situation sociale. Ce n’est évidemment pas à la portée de tous, tant le coût est très élevé. Donc, plus qu’un examen, c’est la clé qui ouvre sur la réussite ou non d’une vie, d’où un nombre impressionnant de suicides, et de bien des exactions.

Sur des images particulièrement léchées, la trame est assez confuse au départ avec les flashbacks, les différents protagonistes et le cadre dans lequel se déroule l’histoire. Et puis, la logique des événements, des intérêts, des amitiés ou animosités qui relient les compétiteurs prêts à tout pour entrer et rester dans le tableau s’éclairent pour nous restituer l’enfer de l’enjeu. La mise en scène est brillante, la tension très forte dans une ambiance délétère où personne ne sait sur qui se confier ou s’appuyer tant il ne faut compter sur l’aide d’aucun tant le but à atteindre exige un égoïsme violent. Ainsi, se soulève des agressions, des suicides, des pressions sur les élèves comme sur les enseignants dans une façade sociale la plus faussement sereine. J’ai été très pris par l’univers glaciale, brumeuse et sans cesse menaçante sans savoir d’où et contre qui vont les coups. Excellente la comparaison du milieu scolaire avec le texte sur Pluton qui symbolise la solitude. Le final, sans surprise est éprouvant et désolant. Une très belle critique sociale de l’éducation nationale du pays, qui ne remettra sans doute pas en cause tant les intérêts en jeu sont trop important. Ill a le mérite de soulever un grave disfonctionnement de la société dans son ensemble, avec ses disparités sociales basées sur l’argent comme partout ailleurs, mais avec des conséquences beaucoup plus lourdes. Je serais cependant intéressé par les pratiques dans nos grandes écoles, entre les bizutages des plus scandaleux qui sont déjà une manière de soumettre les nouveaux arrivants à la dure loi des établissements délite, et ce qui les attend.

Le casting est de plus à la hauteur de ce film, avec un David Lee (Poetry) excellent, comme Seong Joon parfait, et la jolie Kim Kkobbi très émouvante. Ou encore Cho Sung-ha (The murderer), et la très belle Joo-ah Seon, Kwon Kim et Kyung-soo Yu, Tae-boo Nam et l’excellente Kil Hae-Yeon, comme Hwang Jung-Min, Nam-Hee Park, et Kim Jae-rok (Pieta).

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