Thriller amusant, bien qu’un peu trop long de Giuseppe Tornatore qui nous entraine dans le petit monde fermé des ventes aux enchères d’arts aux pratiques souvent douteuses dans le milieu des collectionneurs, que guettent dans l’ombre, bonnes surprises et des dangers.
Un célèbre commissaire priseur, use de son savoir d’expert pour s’approprier des œuvres qu’il sous évalue, avec la complicité d’un ami, pour enrichir sa collection privée de toiles de maîtres uniquement de magnifiques portraits de femmes. L’amour dans sa vie étant totalement absent se reportant uniquement sur les peintures, le plongeant dans une solitude ascétique. Il est appelé à expertiser un riche manoir dans Rome, appartenant à une jeune propriétaire, souffrant d’agoraphobie et se refusant de sortir au monde et de se montrer. Plus intrigué par cette inconnue que par la marchandise, l’amour l’attrape par la curiosité comme un adolescent attardé. Ainsi, il cherche à la voir pour l’apprivoiser et la séduire.
Si la trame est excellemment bien montée, avec une montée en puissance qui éveille la curiosité de tous, et du protagoniste en particulier, certaines ficelles sont énormes pour ne pas y déceler quelques incohérences qui devraient soulever des méfiances. L’amour est aveugle dit-on, la cupidité aussi, et ne devrait pas faire bon ménage. On m’a dit récemment que je suis trop méfiant, pas seulement en amour, ce qui n’est sans doute pas faux, mais que je l’ai pris aussi pour un compliment, tant cela me permet d’éviter nombre de pièges que la vie nous réserve. Et notre héro devrait savoir que la vie est un boomerang qui nous revient dans en pleine face quand on s’y attend le moins. Car, dès le début de cette histoire, on devine que quelque chose ne tourne pas rond, qu’un piège est tendu, il est vrai sans que l’on sache par qui, et comment. De suspens donc il y a, dans une ambiance feutrée, dans un univers froid et sans amis, sans pitié ni scrupule. Cependant, si j’ai suivi avec intérêt et amusement le labyrinthique cheminement de ce polar,
j’avais deviné depuis belle lurettes les tenants et aboutissements sans surprise sur la fin. La relation avec la toute jeune femme et le vieux monsieur, les événements qui ponctuent chaque étape de leur relation, et les interventions périphériques sont judicieusement agencées, mais qui tardent trop et retire l’effet de surprise et gâchent l’instant tant attendu. Le thème unique des toiles me rappellent celles du salon dans Violence et passion de Luchino Visconti qui ne représentent que des familles, centre d’intérêt qui manque cruellement au personnage.
Alors, beau film, belle réalisation avec des décors superbes et des choix d’œuvres riches, dans une mise en scène maîtrisée, mais qui à trop vouloir en faire, sans tuer le suspens l’amoindri et de par sa longueur excessive sans réelle justification pour finalement si peu, s’éternise en déplaisir. Si là aussi, l’utilisation de l’anglais dans un film italien se passant en Italie est un peu dommageable, on en ressent moins les méfaits par l’origine des personnages.
L’interprétation est de qualité, avec un Geoffrey Rush (La voleuse de livres) remarquable d’émotions cachées toute british, face à une Sylvia Hoeks, magnifique et terriblement marquante par son jeu et sa grâce. Jim Sturgess (Upside down) est impeccable, comme Donald Sutherland (Hunger games) est excellent, de même que la belle Liya Kebede (Le capital). Suivent, les Philip Jackson (My week with Marilyn), Dermot Crowley, et l’excellente Kiruna Stamell.