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11 juin 2014 3 11 /06 /juin /2014 15:47

Très beau film de Lisa Cholodenko (Tout va bien, the kids are all right) qui nous entraine dans un milieu contrasté, sombre et sordide, triste et beau, où l’art cotoie l’ambition et l’amour, la drogue et l'alcool qui sont autant de passions créatives et destructrices.

Syd est une jeune femme ambitieuse et arriviste, travaillant chez Frame, célèbre magazine photos d’art, qui découvre que sa voisine fait des photos saisissant de talent. Celle-ci est en fait Lucy Berliner, une star mondialement connue retirée du milieu depuis des années, ne vivant que d’amour avec sa compagne Greta, et s’autodétruisant dans la drogue. Rapidement, des liens se tissent, et Syd réussi à convaincre Lucy de retravailler en lui offrant l’exclusivité de prochain numéro du magazine. Une histoire passionnée se mêle le temps d’un week-end entre les deux femmes, entre sexe et photos. Le temps aussi pour Syd de reconnaitre jusqu’où va son arrivisme professionnelle en couchant avec cette artiste délaissant son petit ami, et pour Lucy avec son addiction empirique à la drogue qui la détruit depuis toutes ces années et son talent avec.

Film sombre et triste, mais aussi envoutant que possible sur un milieu, et sur deux personnalités très contrastées et opposées. Entre une belle jeune femme prête à tout pour parvenir à ses fins et en obtenir toute la reconnaissance de son métier. Et ce magnifique portrait d’un monstre sacré génial que la drogue a détruite qui tente un dernier baroud d’honneur pour sinon s’en sortir, du moins relever la tête. Deux belles descriptions qui se rejoignent et fusionnent sans illusion, dans un univers glauque et comateux, sur un rythme langoureux, vaporeux et d’une froide et superbe tristesse.

Sans concession, la réalisatrice nous plonge dans une atmosphère qui fait froid dans le dos sur un monde dégénérescent, abruti de drogue, d’alcool et que même le sexe ne rend pas plus heureux. Comment peut-on se laisser détruire par cette substance nocive qui réduit à cet état végétatif, dépendant esclave de la pire mort qui soit ? A les voir snifer toujours plus, sans plus aucun contrôle d’eux-mêmes, s’en plaisir, et perdant toute dignité et apparence humaine, m’ont toujours plongé dans l’effroi d’incompréhension. La réalisation est superbe, aux images magnifiques, sur une mise en scène fluide et d’une très belle subtilité. Et ce, sans jamais juger personne, sans donner de réponse, sans sombrer dans le trop trash ou le trop pathos qui donne une impression malaisé, angoissant et poétique. C’est juste un instantané de deux vies, deux personnalités, deux émotions et presque deux mondes qui se rejoignent sur le fil du rasoir. J’ai été submergé par ce récit, qui donne des frissons et des réflexions. Le film s'inspire de la vie de la célèbre photographe Nan Goldin et son œuvre grandiose, qui décrit la vie sous tous ses aspects, tendre, crue et violente.

La très belle Radha Mitchell (Suspect) est stupéfiante de force et d’émotion, face à Ally Sheedy (War games) absolument phénoménale de vérité et de puissance de conviction et de tendresse. De même de Patricia Clarkson (Loin du paradis) fabuleuse. Gabriel Mann (Cherry falls), comme Charis Michelsen et David Thornton (Alpha dog), Anh Duong (Welcome to New York) et Helen Mendes, ou encore Bill Sage et Tammy Grimes qui apportent leurs sensibilités.

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