Avec son nouveau film, Lucas Belvaux (38 témoins) adapte le roman de Philippe Vilain, sur une histoire d'amour sur fond de fossés socioculturel entre un prof de philosophie parisien et une coiffeuse de province que tout, à priori, oppose avec tous les clichés imaginables dans pareil cas.
Clément, un jeune parisien, professeur de philosophie est nommé dans un établissement scolaire d’Arras. Après s’être fait coupé les cheveux par Jennifer, une jolie coiffeuse, il part à sa conquête avec toutes les idées reçues et préjugés péjoratifs qu’il traine sur la province et sur les coiffeuses. Pensant la partie facile, il va devoir user de patience et de stratégie pour enfin sortir avec elle. Une situation inédite pour ce garçon habitué avec facilité aux coups d’un soir qu’il jette sans scrupule au petit matin, et que la jeune femme ne veut pas revivre de blessures de la sorte. Plus que les différences culturelles entre eux, ce sont surtout les notions de couple qui ne semble pas se concilier et se partager. Ainsi, avec sa maitresse la semaine, il rentre sur Paris le week-end, dans un confort qui ne saurait perdurer tant les sentiments amoureux de la jeune femme s’affirment à sens unique.
L’occasion de confronter à travers cette histoire tous les poncifs qui séparent souvent avec mépris les différences de classes sociales, sont ici poussées à l’extrême pour mieux les contredire. Ce serait tomber dans le piège de considérer tous les parisiens ou toutes les provinciales comme les personnages principaux en faisant des généralités. De fait j’ai beaucoup aimé l’ambiance de cette trame, les évocations des différences de culture, et la subtilité des liens qui se tissent, comme des dissensions qui se forment pour une fin somme toute logique et émouvante. Pour ma part, je me reconnais plus dans l’amour de la vie de l’héroïne, avec sa joie et bonne humeur, ses paillettes et son karaoké, comme ses sentiments à fleur de peau. Il faut dire que dans le triste quotidien mortifère de l’abruti fini qui l’oppose n’est guère sympathique.
Emilie Dequenne (Divin enfant) est sublimement lumineuse, joyeuse et attendrissante, rendant son personnage avec autant de tendresse que d’optimiste communicatif, face à Loïc Corbery (A coup sûr) qui campe bien son personnage avec conviction. Sympathiques Sandra Nkake et Charlotte Talpaert, de même Anne Coesens (Goodbye Morocco) et Daniela Bisconti (La vie d'une autre), Didier Sandre (Au bout du conte) et Martine Chevallier (Les adieux à la Reine), ainsi que les jolies Annelise Hesme (Hôtel Normandy) et Amira Casar (La vérité si je mens ! 3).